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Yssingeaux, tranquille sous-préfecture de la Haute-Loire, s’apprête avec sérénité à accueillir l’équipe d’Iran, malgré la réputation “sulfureuse” que traîne toujours la République islamique en dépit de l’élection l’année dernière d’un président modéré.
Le 21 juin à Lyon, l’équipe perse rencontrera les représentants du “Grand Satan” , ainsi que l’Iran avait pris l’habitude de désigner les Etats-Unis, pays qui, pour sa part, accuse l’Iran d’être l’Etat du monde qui “soutient de la façon la plus active le terrorisme” . La municipalité d’Yssingeaux, elle, se préoccupe moins des questions de sécurité que de savoir si les équipements prévus pour les footballeurs seront prêts dans les temps.
“Les Iraniens nous ont fait une impression formidable : il faut qu’on les accueille dignement. Le reste n’est pas vraiment notre problème” , résume Jérôme Chabrier, 24 ans. Ce dernier coordonne à la mairie tout ce qui touche à la Coupe du monde : un événement majeur – “après Intervilles, l’année dernière” – pour les 7000 habitants de cette commune nichée au pied des sucs vulcaniques, les montagnes, en forme de cône, de la région.
Le maire de la commune, l’ancien ministre des Affaires sociales Jacques Barrot (UDF-FD), enfonce le clou. “Nous ne sommes pas dans une période à risques, estime-t-il. Le Quai d’Orsay pense que les opposants au régime sont en position d’attente. Et puis la diaspora iranienne, même opposée au régime des mollahs, est plutôt fière de son équipe” . “Aujourd’hui l’Iran s’ouvre. Le fait de se montrer sous un bon jour lui sert aussi” , conclut l’ancien ministre.
Policiers, patissiers, mais pas de femmes
L’équipe iranienne et son encadrement seront, commes les autres délégations, sous la garde des policiers d’élite du RAID, dont cinq membres se trouveront en permanence aux côtés des joueurs. L’accès au site où logeront les joueurs – une grosse bâtisse du XIXe siècle, bien équipée mais sans grâce, posée à flanc de montagne au milieu des sapins – sera interdit au public. On ne pourra assister aux entraînements qu’à condition de passer par une billetterie gratuite, qui permettra au service de sécurité de contrôler le public.
“Bref, rien que de très normal” , explique Guy Pelat, directeur adjoint de l’Ecole nationale de la pâtisserie qui occupe le château. Dans le domaine religieux, la République islamique “n’a rien réclamé” , disent en choeur les dirigeants. “On nous a seulement demandé que la présence féminine dans le château soit discrète et qu’il n’y ait pas d’alcool, poursuit Guy Pelat. Nous allons donc déménager tout notre bar et trouver du personnel masculin pour servir à table ” . Un cuisinier iranien accompagnera également les footballeurs, qui ne consommeront que de la viande hallal.”Au départ, nous avons tout de suite pensé à aménager une salle de prière, rapporte Jérôme Chabrier. Mais ça n’a absolument pas fait partie de leurs exigences et ils prieront dans leurs chambres” . “Je pensais que tout ça serait plus compliqué” , avoue-t-il.
Les seuls à avoir eu des sueurs froides, si l’on en croit M. Pelat, furent les hommes de la DST venus visiter les lieux. Ils sont restés silencieux pendant plusieurs minutes, le regard tourné vers la forêt qui jouxte le château, inquiets des éventuels dangers que pourrait receler son épaisseur. Les gendarmes en seront quitte pour des rondes régulières dans les bois.