FRANCE 98 – General Media News Template

Le contraste est saisissant à Yssingeaux, où la sélection iranienne a pris ses quartiers : la ferveur des supporteurs venus de toute la France et d’Europe tranche avec l’attitude désabusée de leurs héros, bien loin des scènes de liesse au lendemain de la qualification aux forceps pour le Mondial, en Australie. Le regard, tantôt dur, tantôt perdu dans le vague, du sélectionneur Jalal Talebi, qui a remplacé le Croate Tomislav Ivic à 20 jours seulement du premier match, Iran-Yougoslavie, le 14 juin, en dit long. “Mon problème, c’est que je n’ai pas eu le temps de bien préparer mon équipe”, reconnaît-il, avant d’ajouter, minimaliste : “J’espère que nous allons avoir des joueurs en forme et forts mentalement pour arriver à un niveau convenable”.

En descendant, à pied, du château de Montbarnier, qui les héberge, au stade du même nom, les 22 sélectionnés cheminent la mine triste et les mains dans les poches, sous les regards scrutateurs des huit policiers d’élite du RAID chargés de leur protection rapprochée. A leur tête, malgré son allure martiale, Ali Daï, l’attaquant de Armina Bielefeld (D1 allemande), tente de donner le change. L’ “homme aux jambes d’or” (9 buts en phase éliminatoire) assène : “Nous sommes ici pour jouer de notre mieux. Nous y sommes tous déterminés”, ajoute le joueur convoité par le Bayern Munich.

“Un grand événement”

Le trio des attaquants “allemands”, Daï-Azizi (FC Cologne)-Bagheri (Bielefeld), ne permet pas, malgré ses talents, de faire oublier une défense étonnamment fébrile à ce niveau. Après la défaite 7 à 1 contre la réserve de l’AS Rome qui a valu sa place à Ivic, et celle, récente, 2-0 contre la Croatie, tout n’est pas rose.

Malgré la morosité qui transpire à la moindre apparition de la délégation, les nombreux supporteurs iraniens présents à Yssingeaux font preuve, eux, d’une grande ferveur. Lundi à 00h30 quand leurs héros ont débarqué de l’avion à l’aéroport de Saint-Etienne-Bouthéon, 150 à 200 Iraniens, hommes, femmes et enfants vêtus de costumes traditionnels, leur ont fait une véritable ovation. Chaque jour, fiers de montrer leur billet pour les matches à venir, ils viennent aux abords du stade.

Vahid, 20 ans, thésard en électronique à Nancy, est enthousiaste : “C’est déjà une grande étape que d’être ici. Je souhaite qu’ils aillent le plus loin possible et je pense qu’ils vont passer le premier tour”. Dans tous les cas, leur présence sera le symbole de l’ouverture croissante de l’Occident vis-à-vis de notre pays, qui s’ouvre lui-même progressivement à l’Occident “, renchérit Mohamed, un lycéen en France depuis six ans.

“C’est un grand événement”, explique Leyla, souriante collégienne iranienne de 13 ans. “Je serai aux matches, avec mon foulard. Mais si d’autres Iraniennes viennent sans, c’est leur choix, leur liberté. L’essentiel, c’est qu’elles soient de la fête, car elles font partie de la société iranienne” , répond-elle aux journalistes qui la harcèlent de questions sur la condition des femmes dans son pays.

Similar Posts