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Le déjà mythique défenseur allemand Juergen Kohler endosse samedi pour la 100e fois le maillot frappé de l’aigle, entrant dans un club très fermé dont il veut fermer la porte après sa 108e sélection et la finale de la Coupe du monde.
Ils ne sont pas nombreux, les membres allemands de ce Rotary du ballon rond: Lothar Matthaeus (123), Franz Beckenbauer (103) et Juergen Klinsmann (101), la crème du football national enrichie des Est-allemands Joachim Streich (102) et Hans-Juergen Doerner (100).
Son droit d’admission, Kohler, 32 ans, ne le doit pas à son accomplissement technique ni à son aura, comme Beckenbauer et Matthaeus, pas plus qu’à ses envolées et ses buts, comme Klinsmann, mais à ses tacles, à sa solidité et son dévouement.
“Il faut être un martien pour marquer contre Kohler”. Le compliment venait du Danois Preben Elkjaer Larsen. C’était le 24 septembre 1986 et un grand gaillard un peu raide, défenseur inconnu de l’obscur SV Waldhof Mannheim, venait de disputer son premier match avec la Nationalmannschaft. “Jamais je n’aurais pensé alors ne serait-ce qu’approcher les 100 sélections”, disait-il, sans cacher sa “fierté”, avant de frotter les tibias des Colombiens.
Juergen “le concasseur”
Kohler a fait du chemin depuis, martyrisant les meilleurs attaquants et raflant une Coupe du monde (1990), une Ligue des champions (1997, avec Borussia Dortmund) et un peu de bimbeloterie faite d’une Coupe de l’UEFA (1993 avec la Juventus Turin) et de titres nationaux avec le Bayern Munich, Dortmund et la “Juve”.
Un tâcheron fait idole, parce qu’il est un tâcheron comme les Allemands les idolâtrent, dans le même panthéon que Karlheinz Foerster. Parce qu’il a connu devant le Néerlandais Marco van Basten des heures sombres qui ont ajouté à sa légende. Et parce que l’acharnement mis à broyer l’adversaire (il est surnommé Juergen “Kokser”, “le concasseur”) n’a d’égale que sa sportivité dans le stade, sa discrétion en dehors.
Kohler, le seul quasiment (avec le gardien Andreas Koepke) assuré d’une place dans le onze allemand, a annoncé de longue date qu’il mettrait un terme à sa carrière internationale après le Mondial. Le sélectionneur Berti Vogts, qui loua en lui “le meilleur défenseur central d’Europe”, l’avait dissuadé de mettre ce projet à exécution quand Kohler s’était gravement blessé à un genou dès le premier match de l’Euro-96 (“quelqu’un comme Kohler ne peut pas partir comme ça”).
Sa décision aujourd’hui paraît irrévocable. Après une 108e sélection qui “voudrait dire que nous sommes en finale à Paris”.