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Quatre ans après la chute de son idole, l’Argentine abordera le Mondial en France sans Diego Maradona qui sera absent pour la première fois depuis seize ans après avoir marqué la sélection de son talent et de ses excès.
Le scandale causé par le contrôle positif (à l’éphédrine) du “Pibe de oro” aux Etats-Unis ayant laissé des traces profondes, Daniel Passarella a été investi de tous les pouvoirs pour rebatir une équipe digne de son rang et de gérer en douceur l’après-Maradona.
Sur le plan purement sportif et mathématique, le contrat a été parfaitement rempli. L’Argentine s’est inclinée de justesse en finale des jeux Olympiques devant le Nigeria (2-3) et elle s’est qualifiée pour la France en terminant à la première place de la poule unique sud-américaine après un début laborieux. Passarella a même placé une cerise sur le gâteau en allant gagner le 29 avril, pour la première fois de sa carrière, au Maracana de Rio contre le Brésil, champion du monde en titre (1-0).
Pourtant, malgré ces résultats en conformité avec son prestige, la manière est décevante. Le style de jeu de l’Argentine ne laisse en effet qu’une infime place à la traditionnelle inspiration sud-américaine et le résultat prime avant toute autre notion.
Pas de style de jeu défini
Le “Kaiser”, comme il a été surnommé par la presse argentine, n’en a cure. “Je veux du professionnalisme, du sérieux, de l’humilité, de la préparation physique et du sacrifice”, affiche-t-il ouvertement. Et, tout naturellement, le jeu pratiqué par l’Argentine correspond parfaitement à ces données. En fait, l’Argentine n’a pas un style de jeu bien défini. C’est une machine bien rodée qui évolue en fonction de l’adversaire. Ainsi, contre le Brésil, Passarella a fait jouer son équipe dans un 3-3-2-2, avec un double rideau défensif, surchargeant le milieu de terrain et obligeant les créateurs, comme Ariel Ortega et Juan Veron, à mettre le “bleu de chauffe”.
Les joueurs à la forte personnalité qui rechignent à se plier à cette méthode sont exclus sans état d’âme. C’est le cas notamment de Fernando Redondo, poumon et ratisseur inlassable du Real Madrid qui suivra le Mondial à la télévision. Gabriel Batistuta lui-même, pourtant meilleur buteur argentin de tous les temps (42 buts, le dernier le 20 mai contre le Chili), n’arrive pas à se situer sur le terrain.
L’Argentine, double championne du monde (1978 et 86), est également la plus européenne des sélections sud-américaines. Cela s’explique sans doute par le fait que la quasi-totalité de ses internationaux opérent en Europe. Ainsi, contre le Brésil, un seul joueur (le gardien Burgos de River Plate, qui remplaçait Roa, le portier de Majorque, Esp) évoluait dans le championnat d’Argentine.
Solide dans toutes ses lignes, trés expérimentée, trés homogène et solidaire, l’Argentine figure logiquement dans la liste restreinte des vainqueurs potentiels. Mais il faudra s’habituer à ne plus voir les coups de patte diaboliques du petit lutin, Maradona. Son “remplaçant”, dans l’esprit du public, Ariel Ortega, a le talent pour le faire. Mais, il n’en a pas toujours l’autorisation.