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Dès l’annonce de sa mise à l’écart, dimanche soir, l’hôtel où résidait l’équipe d’Angleterre à la Manga, dans le sud de l’Espagne, a été bombardé d’appels de fans en colère cherchant à joindre Glenn Hoddle pour lui dire, comme un de ces inconditionnels de ” Gazza ” cité par le Sun, ” qu’il venait de commettre la plus grosse erreur de sa vie.
Même Tony Banks, le ministre britannique des Sports, a été obligé de commenter la décision de sélectionneur devant la chambre des Communes. Mais avec une opinion différente. ” Mon sentiment personnel c’est que l’équipe d’Angleterre jouera mieux sans Gascoigne, a estimé M. Banks. Même si c’est une tragédie personnelle pour lui “.
Car si l’Angleterre continue de vouer à son génial ” Geordie ” (Gascoigne est originaire de Newcastle) une tendresse particulière, le choix d’Hoddle n’a pas suscité au sein de l’opinion publique un tollé général. Au contraire.
Selon un sondage réalisé par SkyTV, 60% des 13.000 personnes qui ont appelé la chaine de télévision, ont apporté leur soutien au sélectionneur. Parmi les professionnels, les avis sont aussi partagés.
Certains comme Bryan Robson, le manager de ” Gazza ” à Middlesbrough, se disent ” abasourdi “. ” C’est difficile à croire “, juge Robson ” car Paul appartient à cette race de joueurs capables de de changer le destin d’un match en deux secondes, et de gagner une Coupe du Monde. C’est un coup terrible pour lui. Il n’a jamais eu à subir une telle déception “.
Le courage d’Hoddle
Mais tous saluent le courage d’Hoddle. ” Je pensais que Glenn allait l’emmener “, affirme Alex Ferguson, le patron de Manchester United. ” Je ne peux pas dire que je suis complètement surpris. Mais c’est une décision très brave “.
La presse britannique qui, depuis des semaines, mène une guerre plus ou moins ouverte avec Hoddle, a elle aussi unanimement souligné la bravoure morale du sélectionneur, préférant accuser les fréquentations de ” Gazza “, ses ” amis ” du show-biz, comme les présentateurs de télévision Chris Evans, et Danny Baker, qui l’ont récemment accompagné dans ses sorties nocturnes.
” Gascoigne a été victime de ses travers et de son style de vie pour le moins cahotique ” jugent la plupart des quotidiens tabloïdes. Tous se font un plaisir de publier une anthologie de ses incartades. Partout, des photos de beuveries, ou encore de sa femme Sheryl, le bras en écharpe et l’oeil poché, résument la trajectoire déclinante du joueur le plus doué qu’ait produit le football britannique depuis George Best.
Traqué par les photographes, ” Gazza ” s’est réfugié dans l’Hertfordshire, chez Sheryl, dont il est séparé depuis plusieurs mois, pour voir son fils Regan. ” Tout ce que je veux, c’est le serrer dans mes bras “, aurait-il déclaré en quittant dimanche soir La Manga en pleurs.
Il y a huit ans, à Turin, les larmes du jeune Gascoigne durant la demi-finale du Mondiale italien, avaient ému et séduit l’Angleterre. Celles de l’homme de 31 ans, le visage bouffi, ne semble lui inspirer que de la pitié et le sentiment d’un gigantesque raté.