FRANCE 98 – Suisse 1954
Quatre ans après la folie de Maracanã, la Coupe Jules Rimet retrouve l’Europe et une ambiance plus mesurée en Suisse. Mais, sur le terrain, le spectacle est de toute beauté. Scores fleuves, matches de légende et réalisme allemand marqueront cette 5e édition.
En 1954, l’organisation de la Coupe du Monde se rapproche déjà de sa configuration actuelle. Les matches préliminaires, qui se déroulent entre mai 1953 et avril 1954, concernent un nombre croissant de nationalités, parmi lesquelles on compte désormais plusieurs pays asiatiques et africains, justifiant ainsi la dimension véritablement mondiale de l’événement. La phase finale rassemble 16 équipes, chiffre qui n’évoluera qu’en 1994, passant à 24 à l’occasion de la dernière Coupe du Monde aux Etats-Unis. En revanche, les partisans du “tournoi” et de “l’élimination directe” s’affrontent toujours. C’est finalement une solution mixte qui est retenue : quatre groupes de quatre équipes sont constitués au premier tour, dans le but de qualifier les deux premiers de chaque groupe pour les quarts de finale. Mais, c’est la particularité de l’édition 1954, toutes les équipes de chaque groupe ne se rencontrent pas. Un classement est établi à l’issue de deux matches seulement disputés par chaque équipe. Dès lors, les matches d’appui, pour départager les deuxièmes ex-aequo, deviennent quasi-inéluctables. Contestable sur le plan sportif, cette organisation a une conséquence regrettable pour l’affluence dans les stades. Le comité suisse ayant commis l’imprudence d’annoncer longtemps à l’avance que toutes les places étaient louées, les stades, qui accueillent plus de rencontres que prévu, ne sont pas pleins.
Invincible Hongrie
Championne Olympique deux ans plus tôt, l’équipe hongroise de Puskas, Boszik et Kocsis est invaincue depuis mai 1950 avec 31 matches joués, 27 victoires, 4 résultats nuls. Les « artistes magyars » se sont même payés le luxe de ridiculiser à deux reprises l’Angleterre battue pour la première fois à Wembley (6-3), puis en Hongrie (7-1). Au début de la compétition, les hongrois confirment leur statut de favoris, en écrasant successivement les Coréens (9-0) et les Allemands (8-3). En quart-de-finale, la Hongrie défait le Brésil (4-2). De cette rencontre de prestige, on se souviendra essentiellement des expulsions et des coups de poing, que se sont distribués jusque dans les vestiaires, joueurs, dirigeants et accompagnateurs des deux formations. A ce niveau de la compétition, deux équipes européennes surprennent agréablement : la Suisse d’abord qui humilie l’Italie en l’éliminant du premier tour puis, transcendée par son public, livre un quart-de-finale légendaire, remporté par l’Autriche, sur un score pléthorique (7-5) ; l’Allemagne ensuite, après sa déroute “calculée” du premier tour face à la Hongrie, va faire un parcours sans faute et sans bruit, éliminant la Yougoslavie en quart-de-finale puis l’Autriche en demi-finale sur le score surprenant de 6 buts à 1. Les Allemands retrouvent ainsi leurs “bourreaux hongrois” en finale. Celle-ci intervient trois jours seulement après le match qui vit s’imposer difficilement la Hongrie (4-2) aux dépens de l’Uruguay, tenant du titre, au terme d’une prolongation éprouvante. Les Hongrois ne semblent pourtant pas émoussés puisqu’ils mènent rapidement 2-0. le public s’apprête à assister à une nouvelle démonstration. Mais les Allemands, montés en puissance tout au long de cette compétition, parviennent à égaliser puis prennent définitivement l’avantage(3-2) à 6 minutes de la fin du match. Le monde du football connait, ce dimanche 4 juillet, la plus grosse surprise de son histoire.
16 pays qualifiés
25 matches joués
140 buts marqués
Moyenne : 5,60 buts par match
Palmarès :
1 Allemagne
2 Hongrie
3 Autriche
4 Uruguay