FRANCE 98 – Feuille de présentation du match n°30

La rencontre comptant pour le Mondial (groupe F), placée sous haute surveillance, dimanche au stade de Gerland à Lyon (21h00 – 19h00 GMT), est l’objet de toutes les attentions. Essentiellement pour son aspect “diplomatique” entre deux pays dont les relations sont tendues depuis de longues années.

Mais ce match pourrait être aussi l’occasion d’une détente après les récentes déclarations du Secrétaire d’Etat américain Madeleine Albright, selon lesquelles les Etats-Unis sont prêts à discuter d’ “un programme menant à des relations normales avec l’Iran”. Déclarations relayées ensuite par Bill Clinton.

Battus (2-0) par les champions d’Europe allemands pour leur entrée en lice, les Américains sont condamnés à gagner s’ils veulent espérer maintenir un mince espoir de qualification pour les huitièmes de finale. “Nous sommes obligés de mieux jouer pour gagner”, dit Sampson. Avec le soutien des deux meneurs et milieux offensifs Tab Ramos et Claudio Reyna, la “US Team” a sans doute les moyens de ses ambitions. Mais elle devra se montrer plus performante que devant les Allemands, à l’approche des buts iraniens, dont la défense n’a cédé que sur un coup franc face aux Yougoslaves.

“Si nous jouons comme contre la Yougoslavie, nous pouvons créer une surprise et battre les Américains”, affirme de son côté l’entraîneur iranien Jalal Talebi. A condition que son trio d’attaquants, évoluant en Bundesliga, Bagheri-Azizi-Daei se montre plus réaliste et tranchant que face à la Yougoslavie. Après l’affaire du téléfilm “Jamais sans ma fille”, jugé “anti-iranien” et diffusé sur la chaîne de télévision privée M6, les joueurs ont juré de laver cette “insulte au peuple iranien” en infligeant une défaite aux Américains.

Roses iraniennes…

Mais même en cas de victoire, la qualification sera loin d’être assurée. Américains et Iraniens devront encore affronter les deux favoris du groupe F, respectivement la Yougoslavie et l’Allemagne. Cependant, malgré son faible intérêt sportif, la rencontre Etats-Unis-Iran a monopolisé l’attention des médias et de la communauté diplomatique depuis le tirage au sort à Marseille en décembre dernier.

C’est ainsi que les 500 places de la tribune de presse de Gerland ont toutes été réservées, avec une soixantaine de journalistes américains et une vingtaine d’Iraniens. De même, une délégation des ambassades des Etats-Unis et d’Iran à Paris assistera au match dans la tribune officielle.

Jeudi, vingt-quatre heures après la proposition de Madeleine Albright d’établir des relations bilatérales entre l’Iran et les Etats-Unis, le président américain Bill Clinton lui-même avait exprimé l’espoir que “ce match puisse être une étape vers la fin de la brouille.” Vendredi, le ministre iranien des Affaires étrangères, Kamal Kharazi, a lui aussi appelé Washington à “détruire le mur de la méfiance”.

Côté sécurité, le renforcement annoncé des forces de l’ordre à l’entrée et dans le stade aura pour but essentiel de saisir toute banderole à caractère politique ou religieux et de priver ceux qui le souhaiteraient d’une tribune très médiatisée dans les gradins.

Alors, dimanche vers 20h50, quand les joueurs entreront sur le terrain, les objectifs des photographes et des cameramen seront braqués sur les mains des onze Iraniens : tiendront-ils les mêmes roses qu’ils ont offertes le 14 juin aux Yougoslaves?

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