FRANCE98 – Argentine 1978
Finaliste en 1930, l’Argentine remporte enfin, chez elle, son premier titre mondial. Mais le succès des hommes de César Luis Menotti, remporté aux dépens des Pays-Bas, décidément maudits, s’est déroulé sur fond de contexte politique troublé. |
Rarement l’approche d’une Coupe du Monde – en l’occurrence la XIe de l’histoire attribuée à l’Argentine – aura suscité autant de polémiques. Le respect des Droits de l’Homme a relégué le football au second rang. Face au régime dictatorial du Général Videla, les grands de ce monde s’interrogent sur la conduite à tenir. Faut-il renoncer au tournoi ? Malgré les menaces, et les appels au boycott, toutes les nations de football sont au rendez-vous du Mundial argentin. Du moins celles qui sont parvenues à se qualifier sur le terrain. Encore une fois, l’Angleterre manque à l’appel, tout comme la Yougoslavie ou l’URSS. Des ” petits “, tels que l’Iran ou la Tunisie, en profitent pour effectuer leurs premiers pas en Coupe du Monde, alors que la France signe son retour dans l’épreuve reine après douze ans d’absence.
Pour leurs retrouvailles avec l’élite, les Bleus de Michel Hidalgo ne sont pas gâtés par le sort. Battue 2-1 par l’Italie, la France s’incline sur le même score face à l’Argentine. Et, en dépit de leur succès sur la Hongrie (3-1), les coéquipiers de Michel Platini ne survivront pas au premier tour, que les favoris de ce Mundial ont, eux, plutôt bien négocié. Seule la Hollande, finaliste en Allemagne quatre ans plus tôt, mais privée de Cruijff forfait pour la compétition, s’est donnée quelques frayeurs dans son groupe de qualification.
Les Néerlandais, conduits par un Robbie Rensenbrink retrouvé, ne vont connaître en revanche aucun souci au deuxième tour. Deux succès sur l’Autriche (5-1), l’Italie (2-1), et un match nul (2-2) face au tenant du trophée, la RFA, dans l’ensemble bien décevant, leur assurent leur place en finale. La lutte est beaucoup plus âpre dans l’autre groupe, entre l’Argentine et le Brésil. Ce dernier semble, un moment, en position de force. Avant son dernier match contre le Pérou, l’Argentine doit en effet s’imposer par quatre buts d’écart, si elle veut rejoindre les Pays-Bas. Les coéquipiers de Passarella s’acquitteront de leur mission au-delà de toutes les espérances. Six buts, dont deux de Mario Kempes, ponctuent ce match étrange, au cours duquel Quiroga, le gardien péruvien, a brillé par son… absence.
Ce score fleuve, au même titre que le calendrier plus que ” favorable “, ou la bienveillance du corps arbitral dont a bénéficié l’Argentine depuis le début de l’épreuve, interpellent plus d’un observateur… Le succès des hommes de César Luis Menotti (3-1 après prolongations), aux dépens d’une formation hollandaise une fois de plus hors sujet en finale, ne souffrira toutefois aucune contestation. L’Argentine touchait au but. La liesse populaire pouvait commencer.
MARIO KEMPES ” UN GROUPE PHENOMENAL “
Même si le succès de l’Argentine fut avant tout celui d’un groupe homogène, il est indissociable du talent d’un homme : celui de Mario Kempes. Plutôt discret lors du premier tour, à l’image de toute son équipe, le n° 10 ciel et blanc acheva l’épreuve en apothéose. Outre la Coupe du Monde, il s’appropria le titre envié de meilleur buteur du tournoi avec six réalisations.
” Aujourd’hui encore, cette Coupe du Monde reste pour moi un merveilleux souvenir. Nous avions bien sûr connu des moments difficiles, notamment au premier tour. Mais à chaque fois, le groupe avait su se montrer ” phénoménal “. Il régnait une parfaite entente entre nous. On était sur un petit nuage. Mais le secret de notre réussite fut peut-être que les dirigeants argentins laissèrent Cesar Menotti libre de tout mouvement. Nous n’avons jamais été soumis à la moindre pression “. Aujourd’hui retiré à Bell’Ville, sa ville natale, située à 200 kilomètres à Cordoba, Kempes est à la recherche d’un poste d’entraîneur. ” Car le foot, c’est ma vie. “