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Avec un détachement apparent, privilège de la jeunesse, Patrick Vieira, paré de tous les titres avec Arsenal, savoure le moment présent, sans se focaliser sur l’épée de Damoclès planant encore sur son appartenance à la liste des 22. Tout à sa joie d’avoir épinglé le doublé Coupe-championnat d’Angleterre, le milieu de terrain des “Gunners”   s’est accaparé la devise Carpe Diem. “Je vis cette semaine à fond, sans me poser de questions. A l’annonce de la sélection, il y aura des déçus, c’est la règle du jeu” , commente-t-il.

Le ton est posé, le verbe juste. A bientôt 22 ans, Vieira demeure pétri de modestie sous le plébiscite général. S’il pose des yeux d’enfant émerveillé sur la Coupe du monde, “une échéance extraordinaire” , il n’ignore rien de la concurrence sévissant dans l’entre-jeu en équipe de France. Tout sera question de besoin et de complémentarité. Arsène Wenger, son mentor à Arsenal, lui répète à l’envi, comme à son partenaire Emmanuel Petit, qu’il pourra toujours se mirer dans une glace s’il est recalé. A Atlanta, en 1996, une blessure l’avait empêché de s’imprégner du caractère oecuménique des jeux Olympiques. Le temps a fait son oeuvre, les bleus à l’âme se sont gommés.

Pilier d’Arsenal

“Quand tu es écarté sur blessure, tu peux culpabiliser, t’interroger. Au mondial c’est différent. J’ai donné le meilleur de moi-même cette saison. Si je ne suis pas retenu, la vie continuera. D’autres m’auront été supérieurs” , poursuit-il avec un flegme typiquement britannique. Pilier d’Arsenal, cet habile relanceur, très efficace dans la récupération présente l’avantage de proposer une solution de rechange pour Karembeu ou Deschamps, voire en défense centrale pour Desailly. Aimé Jacquet n’est pas insensible à ce profil. En revanche, le sélectionneur national s’avoue tenir à ses convictions. En clair, les récentes bonnes performances des “Frenchies”   avec Arsenal ne chambouleront pas l’ordre établi. “La photographie d’un instant ne modifiera en rien ma liste” , assène Jacquet. Abonné depuis ses premiers pas chez les “Bleus”  aux allers-retours, Vieira, arrivé à Clairefontaine lundi, aspire seulement à se sédentariser au centre technique national. “J’ai 22 ans et je ne me dis jamais +j’ai le temps+. Je veux prendre tout et tout de suite” , conclut-il avec une assurance insoupçonnée, comparable à celle affichée sur le terrain.

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