FRANCE 98 – Italie 1990
Marqué par les exploits des Milla, Schillaci et autre Goycochea, le ” Mondiale ” italien l’est aussi par l’Allemagne. Elle remporte sa troisième Coupe du Monde, et rejoint le Brésil et l’Italie, au rang des pays les plus titrés. |
Après le Mexique, la Coupe du Monde fait, pour sa XIVème édition, son retour en Europe, comme le veut la règle d’alternance instaurée par la FIFA. Terre de football par excellence, l’Italie n’a pas lésiné sur les moyens pour réussir son ” Mondiale “. Dix des douze stades retenus pour accueillir l’épreuve sont refaits à neuf, les deux derniers (Turin et Bari) étant spécialement construits pour l’événement. Le coût total des travaux se monte à… 25 milliards de francs.
Même si le nombre des pays engagés dans les éliminatoires se révèle moins élevé qu’en 1986 (112 contre 121), la qualification demeure tout aussi difficile. Pour preuve, le Danemark, le Portugal, ainsi que la France, pourtant demi-finaliste quatre ans plus tôt et qui a remercié son entraîneur Henri Michel, le remplaçant par Michel Platini, se montrent incapables de rallier l’Italie.
Sans réelle surprise – à l’exception du Costa Rica admis en huitièmes de finale pour sa première participation à une Coupe du Monde – le premier tour met en lumière trois joueurs qui vont marquer de leur empreinte ce ” Mondiale “. Il s’agit de Roger Milla, de Salvatore Schillaci, enfin, du gardien argentin Sergio Goycochea. Sorti de sa retraite, le premier devient à… 38 ans et 20 jours, le buteur le plus âgé de l’histoire de la Coupe du Monde, en marquant contre la Roumanie. Quelques jours plus tard, le vieux ” Lion “, plus incisif que jamais, et le Cameroun échoueront sur le fil, en quart de finale contre l’Angleterre (3-2), non sans avoir mené 2-1 à moins de dix minutes de la fin. Ce brillant parcours, tout comme celui de l’Egypte, n’ont toutefois pas été vains pour le Continent africain. Celui-ci pourra en effet compter non plus deux, mais trois représentants en 1994.
Inconnu ou presque au début de l’épreuve, Salvatore Schillaci, très vite rebaptisé ” Toto ” par tout un peuple, va porter à bout de bras une formation italienne séduisante certes, mais peu efficace. En état de grâce, le joueur de la Juventus (25 ans), auteur de six buts sur l’ensemble de la compétition (il en sera le meilleur réalisateur), entraînera l’Italie jusqu’en demi-finale, où elle ne s’inclinera qu’aux tirs au but face à l’Argentine. La Squadra Azzurra quitte son ” Mondiale ” invaincue, en ayant encaissé seulement deux buts en sept rencontres. Cruel.
Le responsable des malheurs de l’Italie n’est autre que le gardien argentin Sergio Goycochea, titularisé après la grave blessure (double fracture tibia-péroné) dont fut victime Nery Pumpido. Dernier rempart d’une sélection argentine sans génie, mais comme à son habitude opportuniste, Goycochea se montrera décisif aussi bien face au Brésil en huitième de finale, que lors des séances de tirs aux buts, contre la Yougoslavie en quart, puis l’Italie en demi.
Il ne pourra en revanche s’interposer sur le très sévère pénalty sifflé par l’arbitre mexicain, M. Codesal, en faveur de l’Allemagne, en finale. Pour autant, celle-ci n’a pas volé son succès, son troisième en Coupe du Monde, comme en témoignent ses victoires précédentes sur la Yougoslavie (4-1), les Pays-Bas (2-1), la Tchécoslovaquie (1-0) ou encore l’Angleterre (1-1, 4 t.a.b. 3). Parfaitement dirigée par Frantz Beckenbauer, sacré comme entraîneur après l’avoir été comme joueur en 1974, l’Allemagne présentait le collectif le plus accompli du Championnat, servi, il est vrai, par de fortes individualités: Matthaus, Brehme, Voller, Klinsmann, Kohler, Hassler… Après le Brésil et l’Italie, elle devient ainsi le troisième pays à compter trois succès en Coupe du Monde.
MILLA Le vieux ” Lion ” rugit encore
La Coupe du Monde 1990 marque l’apogée de la carrière de Roger Milla. Le Camerounais qui, à 38 ans passés, coulait des jours heureux sous le maillot d’un petit club de Division d’Honneur de l’île de la Réunion, la JS Saint-Pierroise, sort de sa retraite pour marquer de son empreinte le ” Mondiale ” italien. Non seulement en devenant le plus vieux buteur de toute l’histoire de la Coupe du Monde, mais surtout en propulsant les ” Lions Indomptables ” en quarts de finale.
” Notre parcours d’ensemble en Italie apparaît avec le recul comme un des tout meilleurs moments de ma carrière, au même titre que mes deux victoires en Coupe de France avec Bastia et Monaco, ou des deux montées en Première Division que j’ai vécu avec deux clubs différents.
Ma sélection en avait peut-être surpris certains, alors que j’évoluais à Saint-Pierre, sur l’île de la Réunion, en Division d’Honneur. Mais je n’avais quitté l’élite et Montpellier que depuis quelques mois. Alors, je n’avais pas perdu toutes mes qualités en si peu de temps!
L’équipe du Cameroun avait connu quelques problèmes internes avant le début de la Coupe du Monde. Du coup, les joueurs sélectionnés ont voulu montrer qu’ils pouvaient rivaliser avec les meilleurs. Ce fut notre force. On a battu un peu à la surprise générale l’Argentine, alors championne du Monde en titre, lors du match d’ouverture. Ensuite, tout s’est bien enchaîné… jusqu’à notre quart de finale contre l’Angleterre. Aujourd’hui encore, je regrette que l’on soit passé aussi près des demi-finales. Cela aurait fantastique aussi bien pour le Cameroun que pour l’Afrique. De mes quatre buts marqués pendant le tournoi, même si l’on a beaucoup parlé de celui que j’ai inscrit contre la Colombie en huitième de finale, moi, je retiens plutôt mon 2ème contre la Roumanie, lors du premier tour. C’était de loin le plus difficile à marquer. “