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Absente de la World Cup américaine, l’équipe d’Angleterre traversera le Channel, partagée entre la peur de chuter avec fracas et la conviction qu’elle peut à nouveau se hisser au sommet, 32 ans après le sacre de Bobby Moore, Bobby Charlton et consorts à Wembley.
Si elle n’est pas la dernière à chanter ses louanges, l’Angleterre est aussi souvent la première à douter. Non sans raison, car sa marge de sécurité est faible, et les craintes qui la minent depuis plus de quatre ans sont loin d’être exorcisées.
L’échec de la sélection de Graham Taylor lors des éliminatoires du Mondial-94 eut sur l’Angleterre du football l’effet d’un coup de massue, brisant brutalement les illusions qu’elle entretenait sur ses qualités depuis sa quatrième place en Italie en 1990. Ce traumatisme a accompagné les Anglais jusqu’à l’Euro-96. Mais ce championnat d’Europe des Nations, “à la maison”, a servi de détonateur. Battus en demi-finale aux tirs au but par les Allemands, Alan Shearer et ses camarades sortirent déçus mais aussi convaincus qu’ils pouvaient à nouveau rivaliser avec les meilleurs.
L’effet Hoddle
Dans ce climat d’euphorie, l’arrivée de Glenn Hoddle en remplacement du sulfureux Terry Venables eut l’effet d’un coup de fouet supplémentaire au moment d’attaquer les éliminatoires. A 39 ans, l’ancien milieu de terrain de Tottenham et de l’AS Monaco, devenait le plus jeune sélectionneur anglais. Il amenait avec lui une image de fraîcheur et de rigueur, une connaissance et une attirance pour le jeu continental. Le départ fut un peu hésitant, puis après avoir fait le plein contre la Moldavie, la Pologne et la Géorgie, Paul Ince et ses camarades chutèrent sur le premier obstacle sérieux: l’Italie à Wembley (1-0). Et l’Angleterre se prit à nouveau la tête entre les mains, accablée par sa naiveté tactique.
Mais Hoddle réussit à remobiliser ses troupes, puis à leur instiller de l’ambition lors du tournoi de France. Lorsqu’ils se présentèrent à Rome, les Anglais pouvaient se contenter d’un match nul et ils empochèrent leur billet pour la France en réussissant dans un stade olympique en fusion un 0-0 digne de la Squadra Azzura.
On savait les Anglais forts en attaque. Leur système défensif avec trois stoppeurs et deux joueurs de couloir a fonctionné remarquablement, puisqu’ils n’ont pas encaissé un seul but en déplacement durant les éliminatoires. Cela sera-t-il suffisant pour aller au bout de leur rêve? Sur le papier, l’Angleterre n’a rien à envier aux autres favoris… mais avec sa formation idéale seulement. Qui peut organiser l’animation offensive si le fantasque Paul Gascoigne est hors de forme? A la lumière des derniers matches amicaux: personne. Qui peut transformer en buts, les rares occasions que créent les besogneux du milieu de terrain si Alan Shearer est absent? Malgré tout le talent du jeune Michael Owen: personne.
Entre une ossature vieillissante -Seaman, Adams, Ince, Gascoigne, Sheringham-, et une relève pleine de promesses -Beckam, Butt, Scholes, les frères Neville – mais usée physiquement par deux saisons sans repos avec Manchester United, Glenn Hoddle risque d’éprouver des difficultés à trouver le bon cocktail. Et qu’il ne compte surtout pas sur une presse britannique qui a déjà préparé l’acte d’accusation, pour lui trouver des circonstances atténuantes.