Lettre 24 – avril 1997 – Passion – FRANCAIS

Jean-Claude KILLY répond toujours présent dans les grands rendez-vous : triple médaillé d’or en ski aux J.O. de Grenoble en 1968, coprésident des J.O. d’Albertville en 1992, il cumule aujourd’hui les responsabilités dans le monde du sport et des affaires et préside, entre autres, aux destinées du Tour de France et du Rallye Paris-Dakar.

Jean – Claude KILLY

“Si l’on devait encore démontrer que le football est le sport le plus populaire auprès des jeunes, il faudrait venir le vérifier dans ” pays ” de mon enfance : les Alpes. Lorsque la saison de ski était terminée, nous nous retrouvions rapidement avec un ballon dans les pieds. Là-bas, le football, c’était le jeu d’été préféré des gamins. Mais, cela ne nous empêchait pas d’y jouer l’hiver, à l’école. Des tournois étaient organisés, entre établissements. Mois, dans mon collège de Saint-Jean-de-Maurienne, comme je courais et que je tirais des deux pieds, je jouais ailier gauche.

C’était l’époque de la grande équipe de Reims et des exploits, lointains pour nous, de l’équipe de France à la Coupe du Monde de 1958 en Suède avec Kopa, Fontaine, Piantoni, etc. Le premier grand choc pour moi a été de voir évoluer les Brésiliens à Lyon grâce à un voyage scolaire. Pendant une heure et demie, nous avons vu jouer des magiciens : Pelé, Vava, et un autre qui s’appelait Pépé je crois. C’était la première fois que nous voyions de grandes frappes de balles… ” brossée ” qui se terminaient en arc de cercle.

“Cette Coupe du Monde doit être avant tout la fête de la jeunesse”

Avec mes copains de Val d’Isère je me souviens que nous essayions de les imiter à notre retour. Lorsque je me suis consacré à la compétition de ski, j’avais évidemment moins le temps de penser au football. Cela ne nous empêchait d’y jouer tout le temps avec les autres membres de l’Equipe de France de ski. Nous avions un maître en la matière avec Léo Lacroix. Il aurait aussi bien fait carrière dans le foot tant il était doué… Je dois avouer, encore, maintenant, que je me passionne essentiellement pour l’Equipe de France. C’est mon côté ” chauvin ” qui rejaillit dans ces moments là. Lors d’un match de football, j’ai besoin de prendre parti.

C’est la raison pour laquelle, je me choisis toujours une équipe favorite au début de chaque saison du championnat de France. Certes, il y a toujours ” l’équipe de coeur “, le RC Strasbourg en raison de mes origines alsaciennes. Les autres varient, en fonction de leur recrutement, de leurs dirigeants, de l’image générale du club. On me demande souvent pourquoi j’ai choisi comme dernier porteur de la flamme olympique pour les Jeux Olympiques d’Albertville en 1992 : nous devions attirer l’attention du monde entier sur notre événement. Nous voulions une figure représentative et médiatique du sport français, hors sports d’hiver.

Michel Platini était donc une évidence, car il est, encore aujourd’hui, le Français le plus populaire du sport, le plus populaire dans le monde. Cela s’est révélé payant car, outre les bons échos que nous avons eus sur la cérémonie d’ouverture des J.O. dans la presse mondiale, tous ont parlé de l’intervention de Michel Platini et tous ont diffusé sa photo avec la flamme.

Le football est véritablement le sport universel par excellence. c’est aussi le sport de la jeunesse du monde entier. Michel Platini a complètement raison de mettre l’accent sur la jeunesse. C’est vrai que cet événement doit en priorité montrer le savoir-faire français avec notre savant dosage entre haute-technologie, création artistique et tradition historique. Mais, pour que le football reste un sport de légende, cette Coupe du Monde doit avant tout être la fête de la jeunesse. il faut que le rêve se poursuive, comme pour nous, les moins jeunes, qui prenons encore beaucoup de plaisir à retracer les souvenirs de notre ” jeunesse footballistique… “

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