Septembre 1997 – Lettre 28 – Passion football – FRANCAIS
Un rendez-vous annuel incontournable de football anime notre établissement : le traditionnel Tournoi des étoiles. Il met aux prises huit équipes de six joueurs composées de l’élite des cuisiniers français. Cette année, à Monaco, nous avons d’ailleurs remporté la Coupe qui nous a été remise par le Prince Albert de Monaco. A 69 ans, je suis trop âgé pour ” taquiner le cuir “. Je me contente d’entraîner les miens et de ” me manifester quand cela s’impose ” ! Et puis je participe aux séances de tirs aux buts, qui ponctuent la journée.
Le foot, j’en suis passionné depuis l’enfance. Roanne se distinguait alors dans le championnat de France Amateurs et je ne manquais jamais, avec mon père et mes frères, d’aller les encourager. Je n’arrivais pas à me faire à l’idée de rater un match. Habitant du département de la Loire, je supporte évidemment l’AS Saint-Etienne. Lors de leur glorieuse épopée, c’était de la folie ! Les jours de Coupe d’Europe, nous organisions avec des collègues de la Loire le déjeuner pour la presse. En guise de récompense, on pouvait assister au match en tribune présidentielle. Par amour des Verts, je suis allé à Glasgow, en 1976, les applaudir pour la finale de Coupe d’Europe perdue face au Bayern de Munich. J’ai aussi servi Michel Platini mais j’étais davantage lié avec la génération précédente.
L’une de mes plus fortes émotions liées au football remonte à la Coupe du Monde 1994. J’avais rejoint New York pour aller saluer mon fils, Claude. Marié à une Brésilienne, il a vécu quinze ans là-bas, où il a dirigé un restaurant. D’un autre côté, par sa maman, il a des origines italiennes. Pour cette finale entre l’Italie et le Brésil, son cœur balançait. Cette rencontre, nous l’avons regardée sur un écran géant dans un restaurant envahi par une forte colonie brésilienne. Quand ils se sont imposés aux tirs aux buts, ça a été une explosion incroyable. On est tous monté sur les tables pour danser la samba avant de chanter dans la rue, sous le regard étonné des policiers américains.
“Pour concevoir la cuisine de mon restaurant, j’ai pensé à un terrain de football”
Mon fils m’a offert un maillot du Brésil mais j’avoue qu’aujourd’hui, j’ai peine à rentrer dedans ! Mon petit fils, qui vit là-bas, souhaite que je lui envoie un maillot du Paris Saint-Germain. Comme trois Brésiliens y évoluent, le club est connu au pays. Pelé reste pour moi la référence absolue. J’ai d’ailleurs eu le plaisir de dîner avec lui, à Copacabana, pour une soirée de bienfaisance. Pour immortaliser ce rêve éveillé, ma belle-fille a pris une photo où je lui donne l’accolade. Mais mystérieusement, je n’ai jamais pu la récupérer. Je le regrette encore…
La Coupe du Monde, j’en attends évidemment beaucoup, d’autant que Lyon et Saint-Etienne vont accueillir plusieurs matches. Même si je suis fort occupé, je m’arrangerai pour assister à quelques matches. Ici, on sent déjà les prémices de l’événement, avec des réservations qui ont déjà commencé. Peut-être organiserons-nous des journées spéciales autour de la compétition.
Lorsque nous avons, avec mon frère Jean, conçu la cuisine de notre restaurant, dont beaucoup de professionnels se sont ensuite inspirés, nous avons, inconsciemment je pense, songé à un terrain de football. Elle est rectangulaire, sans pilier, ni mur, cela facilite l’animation de la cuisine, dont s’occupe désormais mon fils Michel. Moi, je me contente de figurer sur le banc de touche, m’autoproclamant, au gré des situations, arbitre ou entraîneur !