FRANCE 98 – Feuille de présentation du match n°29

Comme huit ans plus tôt, la route des Allemands vers un nouveau titre mondial croise celle des Yougoslaves, dimanche à Lens. Sûrs d’eux mais instruits par l’éclatante défaite de 1990, les Yougoslaves brûlent d’imposer le primat de la virtuosité aux parangons de la rigueur.

En 1990, les hommes de Franz Beckenbauer avaient entamé sa marche triomphale sur Rome en écrasant les Yougoslaves 4 à 1. Les rescapés ont nom Thomas Haessler, Juergen Klinsmann, Lothar Matthaus, Andreas Moeller et Stefan Reuter d’une part, Dejan Savicevic et Dragan Stojkovic de l’autre.

Deux Coupes du monde plus tard, les Allemands restent des compétiteurs aussi favoris et âpres, les Yougoslaves d’aussi brillants et sérieux prétendants. Mais il ne s’agira pas dimanche de ranimer ou effacer le souvenir. Après les victoires respectives contre les Américains (2-0) et Iraniens (1-0), Allemands et Yougoslaves se livrent mutuellement à leur première mise à l’épreuve.

Une victoire assure quasiment la première place du groupe F. Elle écarte a priori la perspective, cauchemardesque pour Berti Vogts, d’un 8e de finale contre les Pays-Bas.

L’entraîneur des champions d’Europe, qui ne cachait pas non plus que les deux équipes pourraient se contenter d’un nul, ne cesse de le proclamer : “Nous ne pouvons nous permettre contre un adversaire aussi fort, les mêmes relâchements que contre les Américains. Interdit aussi de laisser le champ libre à Predrag Mijatovic ou Savo Milosevic. “Nous devons être dominateurs”, a exigé Vogts. Au risque de s’exposer aux sanctions arbitrales, a-t-il spécifié.

22 pour Matthaus ?

Son milieu devrait donc opposer aux artistes des Balkans deux tâcherons, qu’ils aient nom Jens Jeremies, Thomas Helmer (s’ils sont rétablis de leur blessure), Dietmar Hamann, voire Olaf Thon. Celui-ci cèderait alors son poste de libero à Lothar Matthaus. Un événement : Matthaus, auteur de deux des quatre buts de Milan (Klinsmann et Rudi Voeller avaient également marqué), battrait alors un record en disputant son 22e match de phase finale.

En 1990, “nous n’avons pas mal joué du tout, mais nous sommes tombés sur un Matthaus qui a sûrement fait le match de sa vie”, se rappelle Stojkovic. En 1998, Savo Milosevic se disait impressionné par la performance allemande contre les Américains. Mais, a-t-il ajouté, ses coéquipiers et lui possèdent “les moyens de soutenir la comparaison”.

Il était conscient qu’il faudrait montrer un autre visage que contre les Iraniens. Et face à Klinsmann et Oliver Bierhoff, la défense devra se montrer à la hauteur du milieu et de l’attaque.

Contre la Nationalmannschaft, la Yougoslavie, dont Savicevic, au creux de la vague depuis des mois, ne devrait pas défendre les couleurs, aura l’occasion de forcer le “respect”, lâchait Mijatovic. Les arrière-pensées politiques ne sont pas loin : “En cette période très difficile, les succès du football sont comme un baume sur le coeur”, disait Miroslav Stevic avant le Mondial.

La Yougoslavie a perdu 14 fois en 24 matches contre l’Allemagne, qu’elle n’a plus battue depuis le 9 mai 1973 (1-0).

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