C’est fait ! Après avoir raté à trois reprises (1958, 82 et 86) la dernière marche, la France est entrée dans l’histoire en parvenant enfin à se qualifier pour sa première finale de Coupe du monde, face à la Croatie (2-1), mercredi, au Stade de France où elle affrontera dimanche le Brésil, tenant du titre.
Mais Dieu que cette qualification a été difficile à obtenir. Après une première période quelconque où le jeu était bloqué, la rencontre s’est emballée dès la reprise avec deux buts coup sur coup en moins de deux minutes
On jouait depuis 29 secondes en seconde période, Asanovic effectuait un superbe renversement pour Suker. Le très talentueux joueur du Real Madrid entamait alors son récital: amorti de la poitine et tir instantané du gauche qui avait raison de Barthez.
La Croatie venait d’ouvrir le score dans un silence de mort. Dans la minute suivante, Thuram, rageur, récupérait un ballon dans la surface de réparation adverse dans les pieds de Boban, trouvait Djorkaeff qui lui remettait aussitôt. Le Guadeloupéen égalisait, inscrivant ainsi son premier but en équipe de France pour sa 38e sélection. Le public était debout. L’équipe de France, elle, revenait de loin.
Peu après, Zidane était tout près de donner l’avantage aux Bleus, mais sa reprise de volée était contrée par un défenseur adverse. Le jeu bridé de la première mi-temps avait, fort heureusement, cédé la place à un spectacle attrayant et enlevé, chacun des protagonistes tentant de faire la différence. Comme sur cette percée de Vlaovic, repris in extremis par Thuram (60e). Ou sur cette longue chevauchée de Henry (62e), ponctuée d’un tir du gauche bien stoppé par Ladic.
Thuram le libérateur
Peu après, la Croatie perdait son capitaine Boban, qui quittait le terrain en boitillant, Blazevic faisant entrer Maric (65e). Alors qu’Aimé Jacquet venait juste de remplacer Guivarc’h par Trezeguet, l’équipe de France allait faire le ” break “. Thuram, après une passe de Henry, arrachait le ballon dans les pieds de Jarni et doublait la mise d’un tir du gauche enroulé (70e). Le joueur de Parme, incrédule, se prenait la tête entre les mains avant de crouler sous le poids de ses coéquipiers fous de joie. Les ” allez les bleus ” se succédaient, entonnés pas un public conquis par son équipe.
Cinq minutes après ce grand moment de bonheur, les Français encaissaient un vrai coup dur, le superbe Laurent Blanc étant exclu par l’arbitre espagnol Garcia Aranda. Le joueur de l’OM, asticoté par Bilic, avait eu le tort, dans un réflexe, de donner une petite gifle au défenseur croate. La mort dans l’âme, il quittait le terrain. Aussitôt, Leboeuf entrait à la place de Djorkaeff. Les Français, réduits à dix, attaquaient cependant dès qu’ils en avaient l’occasion. Ils sentait la victoire trop proche pour la lâcher. D’autant que la Croatie s’y prenait d’une manière trop désordonnée pour égaliser. Et lorsque ce n’était pas le cas, Barthez, impérial, intervenait avec son brio habituel.
L’équipe de France se qualifiait ainsi pour la première fois de son histoire pour la finale de la Coupe du monde, après que Zidane eut manqué d’un cheveu d’alourdir la marque (89e) et que Barthez eut réussi une ultime prouesse durant les arrêts de jeu. Elle dépasse dans la légende les équipes de 58, 82 et 86 qui avaient toutes trois échoué au stade des demi-finales. Il lui reste cependant le plus difficile à accomplir: vaincre le Brésil, dimanche soir, pour le sacre suprême.
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