FRANCE 98 – Croatie – Z. Boban : “Jouer cette Coupe du monde est une fierté extraordinaire”
– Vous portez le maillot croate pour la première fois en Coupe du monde : que ressentez-vous ?
“Lorsque je jouais avec la YOUGOSLAVIE, j’étais certes heureux de porter ce maillot, je l’ai respecté, mais je me suis toujours senti Croate. A cette époque, je voulais déjà jouer pour la CROATIE car c’était le rêve de tous les sportifs yougoslaves d’origine croate depuis 13 siècles, de représenter leur patrie. Aujourd’hui, ce rêve est devenu une réalité même si nous avons dû payer un lourd tribut avec cette guerre entre les serbes et nous.”
– Vous êtes quelqu’un de très médiatique : vous efforcez-vous de véhiculer des valeurs particulières ?
“Je pense être considéré comme un exemple pour la jeunesse de mon pays, à juste titre. J’ai toujours eu conscience du privilège de ma position sociale et à cet égard, j’essaie toujours de véhiculer une bonne image de moi. Bien sûr, personne n’est parfait et comme a dit St Paul, “nous sommes tous reclus dans le pêché” … même moi. Dans la vie d’un homme, je considère qu’il y a des bases à respecter : la culture, l’amour des siens et de sa terre, la foi en la famille. Chaque jour, j’essaie modestement de véhiculer ces convictions car je suis conscient de mon rôle de personnage public et de mes responsabilités. Je pense qu’il faut toujours essayer de mieux se connaître soi-même afin d’évoluer. La première vocation de l’homme est justement de se comporter en tant que tel. Les problèmes que j’ai eus dans ma vie m’ont rendu plus mûr, ils m’ont fait progresser plus vite. A 18 ans, j’étais déjà le capitaine du Dinamo de Zagreb et cela m’a valu des problèmes (lors d’un match du championnat yougoslave, BOBAN avait agressé un policier serbe qui matraquait un supporter croate; il s’était vu infliger une suspension d’un an et avait défrayé la chronique dans un climat politique très tendu). Aujourd’hui, je ne regrette rien, je reste fidèle à mes principes.”
– Subissez-vous une pression particulière du fait de votre célébrité ?
“Même si en tant que personne publique je suis souvent jugé, je n’oublie pas que, devant Dieu, nous sommes tous égaux. De nos jours, sans l’argent, le football n’aurait pas la même importance. Ma position par rapport à ces enjeux économiques est justement de rester fidèle à l’image de ce sport, de garder la tête froide. Je demeure un passionné du jeu, de la vie d’un groupe, bref du football. Certes, je joue pour gagner mais je sais également que les défaites font progresser. Pour nous, joueurs croates, jouer cette Coupe du monde est une joie, une fierté extraordinaire. Nous nous connaissons depuis dix ans et à nos âges (la moyenne d’âge de l’équipe de CROATIE est de 28 ans) c’est peut-être la dernière chance qui nous soit donnée de jouer une finale de Coupe du monde. Pour conclure, je ne dirai qu’une chose : I love this game!”.