FRANCE 98 – Feuille de présentation du match n°57
Après avoir franchi victorieusement quatre cols de moyenne montagne, l’équipe de France s’attaque à un ” hors catégorie “, vendredi après-midi (16h30) au Stade de France en quarts de finale du Mondial.
L’Italie, c’est d’abord un palmarès impressionnant: trois Coupes du monde (1934, 38, 82), deux places en finale (70 et 94), un Championnat d’Europe des nations (68), des coupes d’Europe des clubs en quantité. C’est ensuite le championnat le plus dur du monde, des stades pleins, une passion exacerbée pour le ballon rond. C’est enfin l’école du réalisme et l’apologie de la victoire au plus haut degré.
La France n’a rien de tout cela. Ou si peu (un Euro en 1984, deux coupes d’Europe des clubs). Et pourtant, les Bleus – qui évolueront tout en blanc vendredi – partent au moins à égalité de chances. En effet, ils ne manquent pas d’atouts: ils jouent chez eux, possèdent une des toutes meilleures défenses du monde et nombre d’entre eux ont acquis en… Italie l’expérience, la rage de vaincre et le sens tactique qui ont longtemps fait défaut au football français.
Dans les deux camps, on s’accorde à dire que l’affaire se jouera sur très peu de choses. ” Il n’y aura pas beaucoup de buts, pronostique Zinedine Zidane, extrêmement motivé après sa suspension. La partie se décidera sur un coup de pied arrêté ou un exploit individuel “. Pour Luigi Di Biagio, ” le match se jouera au milieu “ et pour Alessandro Costacurta ” sur des détails “.
Pour Michel Platini, dont l’aura est immense dans les deux pays, la rencontre s’annonce ” indécise, très ouverte “.
Fidèles à leur schéma
Aimé Jacquet et Cesare Maldini ont annoncé qu’ils ne changeraient rien à la manière de jouer de leur formation. ” Pour battre les Italiens, il faut jouer sur nos points forts, utiliser toutes nos armes “, dit le sélectionneur français. ” Je ne veux pas que mon équipe perde son identité “, affirme son alter ego italien. Une équipe qui, sans impressionner devant le Chili (2-2), le Cameroun (3-0), l’Autriche (2-1) et la Norvège (1-0) est une fois de plus présente dans les grands rendez-vous.
Il ne faut pas s’attendre à ce que l’Italie, reine du contre, se rue à l’abordage, d’autant qu’elle dispose d’attaquants remarquables (Vieri, Del Piero, Roberto Baggio, entre autres), jamais aussi efficaces que lorsqu’ils ont des espaces.
La France devrait donc prendre le jeu à son compte, comme devant l’Afrique du Sud (3-0), l’Arabie Saoudite (4-0), le Danemark (2-1) et – avec plus de difficulté – le Paraguay (1-0). Mais en resserrant ses lignes, sinon gare à la casse…
Pour diriger les débats, elle s’appuiera sur Zidane, qui lui a beaucoup manqué lors des deux dernières rencontres. ” C’est le match le plus important de ma carrière “, a lancé le meneur de jeu français qui a beaucoup à se faire pardonner. Sans focaliser sur lui, Cesare Maldini attachera néanmoins un chien de garde à ses basques, soit Dino Baggio, soit Gianluca Pessotto.
Côté français, il n’y aura pas de plan anti-Vieri. C’est cependant l’excellent Marcel Desailly qui se trouvera le plus souvent sur la route du meilleur buteur – avec l’Argentin Batistuta – du tournoi.
Le poids des chiffres
Une des clés – ” la ” clé ? – du match résidera dans la forme physique des protagonistes. Pour imposer son jeu, l’équipe de France doit être au meilleur niveau sur ce plan. Or, comme le souligne Didier Deschamps, ” les Français ont laissé des plumes “ contre le Paraguay. Auront-ils récupéré, d’autant qu’ils auront bénéficié d’un jour de repos de moins que leurs adversaires ?
La France risque aussi d’être handicapée par l’absence, au moins en début de partie, de son attaquant le plus percutant, Thierry Henry, victime d’une petite entorse de la cheville gauche, dimanche à Lens.
Tout un pays poussera derrière l’équipe de France vendredi après-midi. Deschamps et ses coéquipiers iront jusqu’au bout d’eux-mêmes pour forcer le passage vers le carré d’as de la Coupe du monde. Il n’est pas acquis que cela soit suffisant pour mettre à la raison un adversaire qui ne lui a guère réussi jusqu’ici (17 défaites, 7 nuls et seulement 6 victoires françaises en 30 confrontations).
Aimé Jacquet, lui, se souviendra certainement que, pour son premier match en tant que sélectionneur, le 16 février 1994, à Naples, la France avait battu l’Italie 1 à 0, grâce à un but de Youri Djorkaeff…