FRANCE 98 – France – M. Desailly : “Nous voulons marquer le football français à la façon de Platini”

Propos recueillis à Clairefontaine (sud ouest de PARIS)

Didier DESCHAMPS, capitaine (7) :

“Défensivement, contre l’ITALIE, nous avons fait un bon match. Pour moi, Marcel DESAILLY (8), qui est au top de sa forme, est le meilleur défenseur de cette Coupe du monde. Le plus important était d’empêcher les Italiens d’avoir le ballon. Zinedine ZIDANE (10) a joué à un très bon niveau, et il a beaucoup apporté à l’équipe, au niveau de la conservation du ballon. C’est un joueur important dans le collectif, même s’il n’est pas dépositaire de l’ensemble.

On est en train d’écrire une belle page du football français. J’ai pu revoir le match hier soir : on a été très forts mentalement et physiquement. On est d’ailleurs plus frais ce matin qu’au lendemain du match contre le PARAGUAY, et nous allons disposer de cinq jours de récupération, contrairement à l’Euro où nous en avions seulement trois. On est maintenant en demi-finale, même si on n’a pas marqué depuis deux matches. Mais j’accepte de nouveau des prolongations, si elles nous permettent d’aller en finale ! Au prochain match, j’aimerais éviter l’ALLEMAGNE, car ils sont très forts collectivement.”

Thierry HENRY (12) :

“David TREZEGUET (20) et moi n’avons pas eu peur d’aller tirer les penalties. J’ai fait l’effort de ne penser à rien, j’ai pris tout mon temps pour poser le ballon. Une fois la balle rentrée dans la cage, ça a été un immense soulagement. Je n’avais pas trop réagi après le tir au but manqué par LIZARAZU (3), pour ne pas me déconcentrer. Mais après mon propre tir, je suis allé vers lui pour le réconforter. Je voudrais tirer un coup de chapeau aux trois joueurs qui ont raté le leur, Bixente LIZARAZU, Demetrio ALBERTINI (9) et Luigi DI BIAGIO (14), car je sais que ce n’est pas évident. Pour ce match, Zinedine ZIDANE et Youri DJORKAEFF (6), qui ont de l’expérience, m’avaient donné des conseils : ils m’avaient dit de chercher le but, de tout tenter. D’ailleurs, les équipes les plus fortes, aujourd’hui, sont celles qui parviennent à mêler l’expérience des anciens et la fraîcheur des jeunes joueurs. En entrant sur le terrain, j’ai entendu le public scander mon nom pendant quelques secondes. C’était un moment très fort. Mais il fallait surtout que je reste concentré, car physiquement et nerveusement, ce n’était pas facile de tenir le coup. Dès le coup de sifflet final, j’ai tenu à partager mon bonheur avec Bernard LAMA (1), parce que c’est un grand professionnel et qu’il est dur, pour lui, de rester sur le banc..

Depuis le début de la compétition, la FRANCE n’a pas vraiment été mise en danger. Mais on doit prendre du recul : la Coupe du monde n’a lieu que tous les quatre ans, et ce n’est pas tous les jours que l’on accède à la demi-finale. J’ai quelques flashes de 1982, même si je n’avais que cinq ans. Je me souviens surtout du but de Marius Trésor. Le moment que je retiendrai de cette Coupe du monde ne sera pourtant pas une image de jeu, mais la fraternité entre les supporters des deux camps, lors du match ETATS-UNIS – IRAN.”

 Marcel DESAILLY (8) :

” Ce match contre l’ITALIE a été le plus important de toute ma carrière. Je suis content car nous n’avons pas été mis en difficulté. Je n’ai pas trop souffert. Je suis très surpris que la sélection italienne n’ait pas joué à cent pour cent de ses capacités. C’est dommage qu’ils se soient contentés d’attendre derrière. On a vu que les deux équipes avaient le même niveau, même si nous avons été plus offensifs. Notre collectif est très fort et notre schéma de jeu 4-3-3 me convient très bien. Nos milieux de terrain donnent le meilleur d’eux-mêmes. C’est plutôt notre attaque qui pêche, mais on se crée des occasions, ça finira par entrer…En ce qui concerne notre prochain match, je pense que la CROATIE peut surprendre. ALLEMAGNE ou CROATIE, notre but est d’aller au bout. Nous sommes décidés à marquer le football français à la façon de PLATINI. Ce serait beau qu’on parle de la génération DESAILLY…”.

Bixente LIZARAZU (3) :

“Le match contre l’ITALIE a été exceptionnel, et l’équipe de FRANCE s’est distinguée par son jeu, surtout durant la première période. Je pense que la FRANCE a mis en place un dispositif défensif solide à l’arrière. En ce qui concerne le tir au but que j’ai manqué, j’avais décidé de le frapper de cette façon mais j’ai manqué mon geste technique dans la mesure où ma frappe n’était pas assez puissante. Ce tir manqué a cependant été vite compensé par le tir arrêté de Demetrio ALBERTINI. Ce rééquilibrage m’a permis d’oublier mon erreur. Je n’ai cependant plus envie de participer aux tirs au but, je laisserai la place. L’aventure se poursuit à présent avec les demi-finales et il va falloir cette fois-ci faire la différence avant les prolongations ou une éventuelle séance de tirs au but.

Ce quart de finale représentait pour moi, et pour le reste du groupe, l’étape n°1 de cette Coupe du monde, et la demi-finale sera l’étape n°2. Il va nous falloir être au maximum de notre force et aussi être très lucides pour nous imposer dans notre prochain match, et j’espère aussi qu’un petit facteur chance sera de notre côté. Nous sommes cependant physiquement fatigués et les quelques jours de repos avant la prochaine étape vont nous permettre de reprendre du souffle.”

Lilian THURAM (15):

Comme tous ses coéquipiers, Lilian THURAM a regardé le match à la télévision dans sa chambre et il a eu le même sentiment que lorsqu’il était dans l’action sur le terrain : l’équipe était appliquée, concentrée et sûre sur le plan mental. “La FRANCE a largement mérité sa victoire, commente Lilian THURAM. Tous les joueurs ont à présent une culture de la victoire mais ils n’ont pas à se satisfaire de celle remportée contre l’ITALIE. Le but est de gagner la Coupe du monde.”

Lilian THURAM a eu une grande frayeur pendant la rencontre au moment où Roberto BAGGIO s’est infiltré dans la défense française : “de mon positionnement sur le terrain, j’ai cru que le ballon allait au fond des filets.” Le défenseur ne cache pas qu’il n’est jamais candidat pour les tirs au but :”ce n’est pas mon truc”. Par contre il est admiratif devant l’aplomb et la confiance en eux de David TREZEGUET et de Thierry HENRY, qui ont spontanément demandé au capitaine DESCHAMPS de participer aux tirs au but. “C’est fabuleux pour des jeunes de vingt ans”.

La qualité de la ligne de défense française, Lilian THURAM l’attribue aussi aux milieux de terrain “qui relancent très bien le jeu dans le camp adverse et qui savent aussi récupérer les ballons et se regrouper rapidement en cas de danger”.

Emmanuel PETIT (17):

Depuis qu’il joue sous les couleurs d’Arsenal en ANGLETERRE, Emmanuel PETIT s’est forgé une nouvelle personnalité, celle d’un joueur qui cherche toujours à se surpasser. “C’est ainsi que j’ai conquis le respect de mes coéquipiers, du public et de la presse en ANGLETERRE, ce qui n’était pas le cas en FRANCE”, affirme Emmanuel PETIT qui prend toujours un grand plaisir à s’investir au sein de l’équipe. Et il entend bien faire entrer celle-ci dans la légende du football.”Les qualifications pour les demi-finales en 1982 et 1986 sont certes des faits historiques mais l’objectif de mes coéquipiers et de moi-même est d’écrire une nouvelle page dans l’histoire de la Coupe du monde” assure Emmanuel PETIT.

Pour la rencontre de demi-finale, Emmanuel PETIT souhaiterait rencontrer la toute jeune équipe de CROATIE. “Ce serait un grand bonheur pour ce pays d’accéder à une demi-finale pour leur première participation à une Coupe du monde”. Emmanuel PETIT a donné aussi au cours de ce match mémorable une belle image de son esprit sportif, en bottant en touche lorsqu’il a vu un joueur italien blessé. “Je n’aime pas tricher. Je me suis rendu compte que c’était sérieux et à ce moment-là, j’ai pris la décision de mettre le ballon en touche”, commente le milieu de terrain.

Emmanuel PETIT est très fier d’être un des artisans de la qualification française: “Toute l’équipe avait mis un point d’honneur à battre la Squadra Azzurra.”

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