Lettre 22 – février 1997 – Dossier – FRANCAIS
Après le logo et la mascotte, l’identité visuelle de la Coupe du Monde 1998 s’enrichit de nouvelles formes, couleurs et pictogrammes. |
Des innovations qui prendront progressivement leur place au fur et à mesure des réalisations concrètes menées par le Comité Français d’Organisation dans des domaines aussi variés que l’édition, les expositions, la signalétique et la décoration ou encore l’habillage des écrans TV. FRANCE 98 Informations lève le voile sur le « style FRANCE 98 », une manière de se projeter à 500 jours d’ici, à l’heure du coup d’envoi de cette XVIe Coupe du Monde de Football.
La signature FRANCE 98 intervient sur la plupart des supports de la Coupe du Monde pour nommer l’événement. |
Une personnalité affirmée |
Pour Jacques Lambert, directeur général du CFO, la création d’une identité visuelle globale répond à deux objectifs majeurs : « Il nous fallait tout d’abord doter la Coupe du Monde 1998 d’une personnalité forte, unique, facilement reconnaissable, valorisante et cohérente. Notre deuxième objectif consiste à habiller l’événement aux couleurs de la fête : nous voulons des stades joyeux et fraternels. »
Le Comité Français d’Organisation a confié à une agence spécialisée la mise au point du « style » de la Coupe du Monde 1998. Par style, il faut entendre la définition des éléments – couleurs, matières, matériaux, formes, éléments d’animation, etc. – qui constitueront les principaux supports d’application : publications, expositions, signalétique, décoration des stades, villages d’hospitalité, espaces commerciaux, habillage d’écrans, véhicules, uniformes, objets publi – promotionnels… Bien sûr, le style de la Coupe du Monde devait répondre à un cahier des charges précis, et notamment :
- valoriser les grandes caractéristiques de l’événement : le plus grand rendez-vous sportif de la fin de siècle en même temps que la plus grande compétition de football, autour des trois valeurs retenues que sont Universalité, Partage, Emotion ;
- restituer le thème de la « joie de vivre », déjà illustré par le slogan de FRANCE 98 : « C’est beau un monde qui joue » ;
- rester cohérent par rapport aux éléments graphiques existants, comme le logo FRANCE 98 et la mascotte Mascotte notamment ;
- prendre en compte « l’audience internationale » de l’événement qui impose que la signalétique et les pictogrammes utilisés soient compréhensibles par toutes les populations.
La définition des champs d’application de l’identité visuelle de la Coupe du Monde était une étape très importante pour garantir une cohérence d’image à toutes les facettes de la manifestation et pour tous les publics.
Pour ce faire, il a également fallu prendre en compte tous les besoins exprimés par les différentes directions du CFO, mais aussi ceux des partenaires économiques et des villes concernés.
Le résultat de cette démarche est contenu dans un document appelé « cahier de style ». Les principes présentés, modulables et adaptables en fonction des contraintes spécifiques de chaque catégorie de support, établissent les codes formels et graphiques, les couleurs et les principes de composition spécifiques de chaque champ d’application.
A travers une série d’exemples, ce « cahier de style » servira de guide, de base de travail et de référence commune à toutes les personnes travaillant à la mise en ceuvre des différents programmes opérationnels qui constitueront l’identité visuelle de la Coupe du Monde 1998.
La palette couleur de FRANCE 98 a été conçue à partir de l’univers coloré des drapeaux nationaux. Elle est composée des couleurs du logo, rouge, bleu, noir, « couleurs institutionnelles », complétées d’une gamme de couleurs basiques : vert, orange, bleu clair, jaune et gris.
SIMPLE, FESTIF et universel
Les styles graphiques simples sont sans doute les plus beaux et les plus efficaces. Laurent Vincenti, directeur de création de l’agence chargée de définir le « cahier de style » de FRANCE 98 et déjà père du logo FRANCE 98, en est convaincu. Spécialiste des identités visuelles d’entreprises, il nous explique sa démarche.
FRANCE 98 INFORMATIONS : Lorsque vous avez créé le logo, aviez-vous déjà réfléchi à un concept d’identité visuelle globale ?
Laurent Vincenti : Non, pas réellement. Il faut distinguer ces deux approches. Créer le logo, c’était travailler sur l’image institutionnelle de l’événement, c’est à dire celle du CFO. Le logo représente « l’expression institutionnelle », l’entité organisatrice de la Coupe du Monde. Maintenant, avec cette charte, nous sommes en prise directe sur l’événement. Nous sommes passés à « l’expression événementielle » qui, par ses supports colorés, évoque le spectacle, la fête mondiale du football, conformément au cahier des charges délivré par le CFO. Cette fois, nous sommes vraiment « dans » l’événement. Avec cette charte, nous pouvons déjà imaginer comment seront décorés les stades, les villes, etc. Et avant cela, avec tous les supports d’édition telle que cette lettre FRANCE 98 Informations, nous nous familiarisons déjà avec l’identité de la Coupe du Monde.
Vous êtes-vous inspiré des précédents événements sportifs mondiaux pour créer cette charte ?
Oui et non. Il est évident que l’on regarde ce qui s’est fait auparavant. L’objectif étant d’éviter la copie, justement afin d’affirmer la propre identité de l’événement. En fait, la seule chose dont on se soit vraiment inspiré concerne les pictogrammes. Ces petits panneaux de signalisation, à l’image de ceux qui indiquent les téléphones ou les toilettes, dont la forme graphique est mondialement connue, ont été créés à l’occasion des Jeux olympiques de Munich. Nous nous sommes juste contentés de les placer dans un cercle, tel un ballon ou la terre.
Quels étaient vos objectifs prioritaires ?
Conformément à la demande du CFO, il s’agissait de faire simple, festif et international. Voilà les trois priorités proches, bien évidemment, des trois valeurs de la Coupe du Monde : l’émotion, le partage et l’universalité. Les autres priorités, d’ordre technique, concernaient l’adaptabilité et la modularité du concept. Le choix des typographies a été très restreint. Ensuite, nous nous sommes contentés de ne retenir que neuf éléments d’animation graphique. Il s’agit du logo, du ballon aux trois couleurs, de la signature FRANCE 98 et du slogan stylisé « C’est beau un monde qui joue », des étoiles et de la terre en noir et blanc, des joueurs de foot traités au trait, de la mascotte et, enfin, du « bilboquet ». C’est le petit élément à la forme incurvée que l’on a repris du ballon FRANCE 98. Une forme simple et sobre qui va devenir l’élément central de base de tout le programme d’identité. Il est d’ailleurs amusant de remarquer qu’en anglais, « bilboquet » se dit « Cup-and-ball game » !
Nous allons donc retrouver ce « bilboquet » partout ?
Oui, les bannières de décoration dans les villes, les panneaux d’information, les entrées des stades et des villages d’hospitalité auront cette forme. Sans oublier tous les supports d’édition où l’on retrouvera ce bilboquet sur la partie gauche des couvertures avec les huit autres éléments précédemment cités. Il s’agit donc d’un principe graphique simple, immédiatement compréhensible et identifiable, qui répond à la contrainte de modularité sur toute forme de supports. Pour résumer, on a utilisé peu d’éléments pour faire beaucoup de choses et donner un maximum d’impact et de spécificité.
Et les couleurs vives symbolisent la fête, sans doute ?
La fête bien sûr et l’aspect universel de l’événement également. Car, en fait, ces couleurs sont les couleurs de base de tous les drapeaux internationaux. Ouvrez un dictionnaire à la première page, vous verrez que la gamme de couleurs est à la fois réduite et affirmée, donc très représentative de l’universalité. Ainsi, en jouant avec ces quelques éléments d’animation graphique sur fonds de différentes couleurs universelles, l’identité de la Coupe du Monde est bien affirmée. Et nous espérons surtout avoir donné à cette charte un « look » original et spécifique, basique et indémodable, en prenant le parti justement de ne pas faire trop « mode ».
Créer l’identité visuelle de la Coupe du Monde 98 ou celle d’une entreprise, est-ce la même chose ?
C’est quelque peu différent, car l’entreprise ici est déjà un événement connu et identifiable. Quoiqu’il en soit, c’est passionnant de travailler sur un tel projet. Dans la vie d’un graphiste, c’est un événement unique !
LES APPLICATIONS SIGNALETIQUES
« Il faut distinguer le secteur signalétique proprement dit, et le secteur décoration qui concerne les bannières et banderoles », précise Jean-Charles Calot, chef de projet signalétique-décoration au sein de la direction des équipements du CFO.
« Le premier secteur concerne toute la signalisation directionnelle des villes, l’approche des stades, le périmètre CFO et enfin les panneaux permettant aux spectateurs de se diriger dans le stade, vers leur place en tribune. Etant donné que nous allons nous adresser à différentes populations, il s’agit de créer, conformément à la nouvelle charte graphique, une signalétique homogène, claire, simple et efficace.
Pour cela, il faut vraiment penser à tout : qui ? quoi ? où ? comment ? sur quels supports ? avec quels matériaux ?
Actuellement nous travaillons sur le recensement des produits et sur leur faisabilité. Nous avons constitué une base de programme qui concerne plus de 25 produits distincts de décoration et de signalétique. Puis, nous opérons des simulations sur le terrain en recensant les espaces (stades, unités opérationnelles, services) ainsi que les sites d’accueil (gares, aéroports, routes, parkings, etc.). Toutes ces études étant réalisées dans un premier temps à partir des plans produits par la CAO (Conception assistée par ordinateur).»