Août 1997 – Lettre 27 – Passion – FRANCAIS

Inconnu du grand public à la veille des Internationaux de France de tennis, Gustavo Kuerten, 20 ans, a créé la sensation en remportant le tournoi et en laissant Roland Garros sous le charme de son sourire et de sa décontraction. Ce nouveau champion nous a pourtant avoué qu’il avait longtemps hésité entre le tennis et le football. Entre balles et ballons, son destin n’a tenu qu’à un rebond.

J’ai commencé à jouer au football presque en même temps qu’au tennis, à l’âge de six ou sept ans. Je disputais beaucoup de tournois en vacances aux alentours de Florianopolis, ma ville d’origine. Contrairement à la plupart des Brésiliens, je n’ai pas beaucoup joué sur la plage. Mais jusqu’à l’âge de 14 ans, j’ai hésité entre le tennis et le football. Et puis, allez savoir pourquoi, j’ai préféré le tennis. Aujourd’hui, je ne le regrette pas ! Je suis de près l’actualité du foot et j’essaie, dans la mesure du possible, de rater un minimum de grands matches. Dans mon pays, mon équipe favorite est Avai, le club de Florianopolis qui évolue en troisième division. Avec tous mes voyages, il n’est pas toujours évident de se tenir au courant.

“Heureusement, grâce à Internet, j’arrive à savoir l’essentiel !”

En Europe, je suis un inconditionnel du Paris-Saint-Germain. Raï et Leonardo sont des joueurs exceptionnels et la France a de la chance de les voir évoluer dans son championnat ! Ces joueurs, comme tous ceux de l’équipe nationale, j’ai eu la chance de les rencontrer après ma victoire à Roland Garros, au moment où ils arrivaient pour le Tournoi de France. Je n’ai pas pu discuter longtemps avec eux mais j’ai passé un moment formidable. J’ai vraiment réalisé un rêve. Nous sommes restés une vingtaine de minutes ensemble. C’était hélas trop court pour bien faire connaissance. Et puis, j’étais assez intimidé !

Mon meilleur souvenir de spectateur, c’est le Brésil-Italie de la Coupe du Monde 1982. A l’époque, j’étais très jeune (il n’avait que 7 ans), et pourtant je me souviens bien de ce match. Je me souviens mieux encore du Brésil-France de 1986 qui reste une des plus grosses déceptions de mon enfance. D’autant que Zico était et demeure mon idole. Et dire que c’est lui qui a fait perdre le Brésil en manquant un penalty !

Dans ma famille, nous sommes des ” amateurs normaux ” de football. Je veux dire par là qu’il existe au Brésil des familles entières de véritables fanatiques de ce sport, catégorie à laquelle nous n’appartenons pas. Durant la Coupe du Monde 1994, par exemple, je n’étais pas au Brésil. Je n’ai pu voir que la demi-finale contre la Suède, alors que je disputais un tournoi en Angleterre, et la finale, je l’ai vue en Colombie ! Heureusement, pendant la dernière Copa America, je me reposais chez moi. J’ai pu regarder toutes les rencontres. J’ai d’ailleurs été très impressionné par les performances de Denilson et de Leonardo. Avec des joueurs de ce calibre, je crois que le Brésil a toutes ses chances de conserver son titre l’an prochain. J’espère avoir l’occasion d’aller assister au moins à un ou deux matches après Roland Garros !

Aujourd’hui, je joue toujours au foot, mais seulement pour le plaisir. Je m’étais d’ailleurs inscrit pour disputer une rencontre organisée au Parc des Princes pendant Roland Garros, entre une équipe de joueurs de tennis français et d’autres joueurs du ” reste du monde “. Mais j’étais encore en course dans le tournoi et je n’ai pu ” honorer ” ma sélection.

Lorsque je suis rentré au Brésil, j’ai pu constater que ma victoire à Roland Garros avait ému beaucoup de monde. Mais cette popularité n’a rien de comparable avec celles de Ronaldo ou de Romario qui sont vraiment des ” dieux ” chez nous. Je ne peux pas expliquer l’engouement des Brésiliens pour le football. Peut-être est-ce tout simplement parce que la tradition veut qu’un père donne un ballon à son fils, dès le plus jeune âge, pour qu’il aille s’amuser sur la plage ou dans la rue. Par la suite, cet enfant veut forcément devenir professionnel. Et suivre les traces des Pelé, Zico ou Ronaldo !

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