Lettre 26 – juin / juillet 1997 – Passion – FRANCAIS
Avant de prendre le volant de la société Ferrari, Luca di Montezemolo avait conduit l’organisation de la Coupe du Monde 1990. Il est vrai qu’en bon Italien son coeur a toujours balancé entre le football et l’automobile.
“En Italie, tout le monde joue au football, jeunes et moins jeunes. Moi aussi j’ai souvent joué, et cela m’arrive encore aujourd’hui. Mais depuis ma plus tendre enfance, du temps où mon père m’emmenait au stade, ma passion pour le Calcio est restée intacte” |
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“Ma passion pour le Calcio est restée intacte” |
“Mon équipe préférée a toujours été celle de ma ville natale, Bologne. Le dimanche, je vais très souvent voir jouer cette équipe dont je suis le vice-président, à moins, bien sûr, qu’il n’y ait un Grand Prix de Formule 1. Je ne manque pas non plus de suivre d’autres rencontres à la télévision.
Je me souviens très bien des matches de la Coupe du Monde de 1958, en Suède, parmi les premiers à être retransmis en direct. C’est là que Pelé avait fait une entrée tonitruante dans le monde du football ! Je me souviens avec encore plus de précision de la Coupe du Monde de 1962 au Chili, que l’on pouvait suivre le soir en Italie en raison du décalage horaire, et tout particulièrement des moments si forts que nous avons vécus avec la Squadra Azzurra éliminée suite à une décision de l’arbitre qui suscita une énorme controverse. Je suis intimement persuadé que le plus grand mérite du football, c’est d’être un sport d’équipe qui permet au talent individuel de s’exprimer”
“C’est avec fierté que je me rappelle le succès du Mondiale 1990”
“Pour établir une comparaison avec un sport qui plaît beaucoup aux Français, je dirais que le rugby fait beaucoup plus appel à la stratégie et à la solidarité de l’équipe. L’équipe la plus forte finit toujours par s’imposer. Le football a ceci de fascinant qu’il s’agit d’un jeu imprévisible, dont l’issue peut être liée à un unique exploit où au génie d’un seul joueur. Le sport a besoin de véritables idoles. Et de tous les sports collectifs, le football est assurément celui qui nous en offre le plus grand nombre, de Pelé à Maradona en passant par Platini, puis, aujourd’hui, le tout jeune Ronaldo.
Ce que j’apprécie aussi ce sont les inévitables et interminables discussions d’après-match que ce sport a toujours engendrées. C’est, je crois, l’un des secrets de sa formidable popularité dans le monde entier. L’Italie est un pays très différent de la France, où les grands engagements, les grands projets, tout comme les grands champions, sont soutenus par un élan collectif. Les choses sont différentes chez nous. Nous avons un pays à deux vitesses : une pour les entreprises, et une autre pour le service public. Le Mondiale 90 était une véritable entreprise mais la construction ou la rénovation des stades étaient du ressort de l’administration. Nous avons d’ailleurs dépensé beaucoup d’énergie afin que les délais soient respectés. A cet égard, étant donné tous les obstacles que nous avons dû surmonter, c’est avec fierté que je me rappelle le succès de la Coupe du Monde en Italie. Je dois avouer qu’une fois la machine lancée, quand tout marchait comme sur des roulettes, j’ai tout de même réussi à voir quelques superbes matches”