FRANCE 98 – Feuille de présentation du match n°14
Finies les spéculations sur les effets de l’âge et la tactique. Lundi soir, les champions d’Europe allemands sauront à la fin de leur match contre des Américains, eux-mêmes débordant d’assurance, s’ils doivent rabaisser leurs prétentions à un quatrième titre mondial.
Ils sauront aussi si le Parc des Princes est maudit. Eux, victorieux de leurs deux matches contre les Etats-Unis, se rappellent avoir été éliminés du Championnat d’Europe par les Espagnols dans la même enceinte en 1984. Lothar Matthaeus était déjà de la partie. Ils se souviennent de la 103e et dernière sélection de Franz Beckenbauer, battu par les Français en 1977. Les coéquipiers du ” Kaiser ” avaient Berti Vogts, ci-devant sélectionneur, Rainer Bonhof, son adjoint, Sepp Maier, l’entraîneur des gardiens de la Nationalmannschaft. Le coach Jupp Derwall en avait perdu sa place.
Vogts n’a pas à nourrir cette crainte. ” Nous autres footballeurs sommes superstitieux, mais l’équipe n’est plus la même “, observe-t-il. Mais, instruit par l’agitation provoquée en Italie par la déconvenue chilienne et les départs souvent poussifs des Allemands, il exige la victoire pour ” envisager sereinement la suite de l’épreuve “.
” Excellente atmosphère “, ” préparation avancée “, ” forme recouvrée “, ne cessent de répéter les Allemands, l’un des favoris du Mondial. Vogts, selon ses hommes, joue de la concurrence comme jamais, sans que l’entente s’en trouve affectée. Seuls Steffen Freund, qui n’est pas titulaire, est blessé, et Christian Ziege incertain.
” Combat “
Ciel sans nuage sur la Côte d’Azur, où les Allemands ont pris leurs quartiers? La rencontre le dira. Car, si la qualification a été médiocre, l’avant-Mondial n’a guère été édifiant. Elle dira aussi quels partis Vogts, très secret, a fini par adopter. Matthaeus, qui battrait le record du nombre de matches de Coupe du monde (21), ou Olaf Thon pour libero? Sans doute Thon. Et, surtout, un seul ou deux milieux offensifs, derrière la redoutable attaque Klinsmann-Bierhoff?
Quoi qu’en pense le sélectionneur américain Steve Sampson, qui taxe Vogts de ” mépris “, les Allemands se gardent de sousestimer leur adversaire. Vogts a prévu une confrontation ” très physique ” et Bonhof a annoncé que les Allemands engageraient ce ” combat ” au corps à corps dans lequel ils excellent. Cette science du combat est justement l’une des forces américaines. Les Allemands devraient se retrouver face à trois défenseurs, six milieux et un seul attaquant, attendant un contre.
Gonflés par la victoire sur les Brésiliens en février (1-0), les Américains ne doutent de rien. ” Nous avons battu les champions du monde, pourquoi devrions nous avoir peur “, fanfaronne Tom Dooley, l’un de ceux (nombreux) qui portent ou ont porté un maillot de la Bundesliga. ” Nous ne craignons personne et nous pouvons battre tout le monde dans ce groupe “, abonde Sampson, qui vise les quarts de finale.
Pour les Américains, dont la plupart évolue au pays, il s’agit de montrer à l’étranger que ” nous ne sommes plus une troupe de rigolos “, comme le formule Alexi Lalas.
Alors, qui a raison? Verdict lundi soir…