Avant le Mondial, gagner contre les Iraniens passait pour une formalité. Après les chocs sportifs et extra-sportifs essuyés à Lens, c’est devenu pour les Allemands une épreuve à hauts risques, qui les menace du pire affront de leur histoire, jeudi, à Montpellier.
D’aucuns évoquent déjà le spectre de 1938. Voilà 60 ans, les footballeurs qui allaient remporter trois Coupes du monde et disputer trois autres finales étaient éliminés en 8e de finale par la Suisse, en deux matches (1-1 et 2-4). C’était en France. Certes, partager les points ouvre aux champions d’Europe la porte des 8es de finale. Mais plus rien n’est sûr. D’autant moins que les Iraniens, portés par l’euphorie, savent l’exploit à portée de ballon: une qualification historique, après une victoire aussi historique contre les Américains (2-1).
” Il n’y a plus de petites équipes “, ne cesse de mettre en garde le sélectionneur Berti Vogts avant cette première confrontation germano-iranienne. La défiance n’a fait qu’augmenter depuis dimanche. Ce jour-là, les Allemands ont failli connaître un véritable naufrage contre les Yougoslaves. Tout l’équipage ou presque a sombré après avoir déjà fortement tangué en 2e mi-temps dans les vagues américaines une semaine plus tôt, dans son premier match. Au point que les joueurs se sont prêtés mardi à une séance d’introspection, sinon de crise.
Mais la remontée quasi-miraculeuse de 0-2 à 2-2 a été reléguée à l’arrière-plan par les violences des hooligans à l’extérieur du Stade Bollaert. L’idée d’un retrait allemand a même empoisonné l’atmosphère.
Simultanément, les Iraniens s’abandonnaient à la liesse des deux buts très diplomatiques marqués aux Etats-Unis. Mais l’entraîneur Jalal Talebi voulaient que ses joueurs restent sur leur nuage: ” Je veux qu’ils aillent sur le terrain et se fassent plaisir contre l’Allemagne. Qu’ils gagnent ou qu’ils perdent, ce n’est pas grave “. Le buteur Ali Daei, l’un des trois nationaux (avec Karim Bagheri et Khodadad Azizi) qui connaissent bien leurs adversaires pour gagner leur vie au pays du mark, l’assurait: lui et ses coéquipiers y croient dur comme fer et ” avec la volonté de Dieu, nous y parviendrons “.
Les Allemands s’attendent à ce que les Iraniens fassent bloc en défense et s’en remettent au contre, tactique dans laquelle ils sont versés, comme ils l’ont montré contre les Yougoslaves et les Américains. ” Il faudra faire très attention “, a prévenu Thomas Helmer. Le joueur du Bayern, 33 ans, fait partie des grognards de la vieille garde que Vogts devrait aligner, Lothar Matthaeus en tête. Moyenne d’âge de l’équipe possible, dans laquelle reviendrait également Thomas Haessler: 31,5 ans.
Pour ajouter au danger, se qualifier ne suffit pas à Vogts. ” Nous voulons finir premiers du groupe et nous ferons tout pour cela”. Il s’agit de ne pas croiser le cap des redoutés Néerlandais au prochain tour.
Entre Allemands et Yougoslaves, dont la victoire contre les Américains à Nantes fait peu de doute, c’est peut-être la différence de buts qui tranchera sur le coup de 23h00.
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