FRANCE 98 – Déclarations d'après-match
Match N° 52 FRA – PAR Déclarations Paulo Cesar CARPEGGIANI
“Tout d’abord, je dois dire que la victoire de la FRANCE est méritée. Nos efforts n’ont pas tout à fait été récompensés et, en fin de match, nous payons cher nos erreurs, sans doute à cause de la fatigue. Mes joueurs ont été très combatifs, très volontaires mais ils n’ont pu résoudre les problèmes offensifs qui nous poursuivent depuis la phase éliminatoire. A elle seule notre défense a fait douter une équipe de FRANCE que j’ai trouvée plus prudente que d’habitude. Notre performance d’aujourd’hui a prouvé que notre place en huitième de finale ne tenait pas du miracle mais de la logique. Finalement on ne s’incline qu’un but à zéro, lors des prolongations, et en plus contre le pays hôte.
Si la FRANCE veut battre l’ITALIE en quart de finale, elle devra reprendre son jeu d’attaque. Mais attention, la défense italienne est au moins aussi bonne que la nôtre.
Mon contrat avec la Fédération paraguayenne se termine avec la Coupe du monde. Pour le PARAGUAY, celle-ci est maintenant terminée. Je ne sais pas encore ce qui va arriver, mais personnellement, j’ai besoin de respirer un peu. Je pense qu’un autre sélectionneur doit prendre la suite. A lui de renouveler les choses et de bâtir une nouvelle équipe”.
Aimé JACQUET
“Je suis très heureux de la qualification. C’est sûr que j’aurais préféré gagné avant, d’autant qu’on en a souvent eu l’occasion. Ça a été une prestation très difficile. La domination française n’a pas été récompensée mais elle était tellement grande qu’on a parfois eu peur d’une erreur qui aurait tout fait rater. Nous avons eu la maîtrise du jeu mais il nous a manqué un peu de lucidité, de confiance et de sang froid. Mais c’était logique face à une formation du PARAGUAY qui joue extrêmement recroquevillée et qui a longtemps été un rempart pour notre équipe.
Je n’ai pas été surpris par la performance du PARAGUAY. Nous avions eu des informations sur sa manière d’opérer. C’est une équipe qui se recroqueville très bien sur sa base défensive. Elle a un jeu court, très vif, rapide qui lui permet des relances en profondeur et nous a obligés à faire des efforts énormes pour remonter le ballon. Avec leur façon de jouer, nous avons été contraints de produire un jeu total. En première mi-temps, nos deux lignes étaient trop distendues et nous avons manqué de soutien offensif.
Concernant le “but en or”, c’est terrible mais pour une fois, le ballon a bien tourné.
La suspension de ZIDANE a été un coup dur pour nous, d’autant qu’il est un peu l’homme-orchestre technique de notre groupe. Mais ce soir, c’est peut-être lui le plus heureux. Maintenant, il va, je l’espère, retrouver son équipe et essayer de l’amener le plus loin possible.
Pour le quart de finale face à l’ITALIE, nous allons rencontrer des amis, des copains car beaucoup de joueurs jouent en Italie. Ce sera une grande rencontre, une grande ambition pour l’équipe de FRANCE et j’espère bien une grande victoire”.
José-Luis CHILAVERT, capitaine (1)
“Dans le Mondial, tout est possible. Aujourd’hui, on a perdu, mais notre groupe était uni. Je me suis senti comme un coéquipier privilégié. Sur la fin du match, la France a poussé très fort, a beaucoup tenté et ça a fini par payer. Mais notre moral va bien. De toute façon, nous sommes des héros malgré cette défaite et nous serons accueillis comme tels quand nous rentrerons au pays. Nous l’avons bien représenté”.
Julio Cesar ENCISCO (16)
“Au départ, tout le monde pensait que le PARAGUAY encaisserait beaucoup de buts, nous avons démontré que ça n’a pas été le cas. C’est triste parce que nous comptions aller loin dans cette compétition. Mais l’équipe est fatiguée ; on a beaucoup couru. La France a beaucoup pressé. Nous avons manqué d’un peu de poids offensif et d’avoir la foi jusqu’au dernier moment mais on part la conscience tranquille, la mission accomplie. Notre objectif était de faire match nul et d’arriver jusqu’aux tirs au but parce que nous nous sommes rendu compte que nous ne pourrions pas marquer. On avait déjà éliminé un favori, l’ESPAGNE et aujourd’hui, nous avons fait un grand match contre un autre favori”.
Aristides ROJAS (8)
“
La plupart d’entre nous attendaient les tirs au but. Maintenant, il faut que l’on continue mais on a encore beaucoup de choses à montrer. Défendre les couleurs paraguayennes, c’est une fierté. On a eu un beau parcours, on a fait un très beau tournoi. On a sorti l’ESPAGNE et la BULGARIE, on ne nous attendait pas en huitièmes. Mais pour les minutes qu’il restait, on aurait pu éliminer la FRANCE. Nous partons tout de même satisfaits”.
Ricardo ROJAS (14)
“Nous avons fait le maximum. Nous n’avons pas eu la chance qu’a eue la France. Nous en aurions eu une si nous étions allés aux tirs au but car nos joueurs sont très bons dans cette situation-là. Nous allons essayer d’oublier. Finalement, nous avons fait un bon tournoi et nous avions confiance en nous. Personne ne croyait que nous arriverions jusque là, que nous passerions le premier tour, surtout dans un groupe comprenant l’ESPAGNE et la BULGARIE. On a tout essayé, mais la FRANCE possède une bonne équipe. Il lui reste trois matches avant la finale, elle a sa chance”.
Didier DESCHAMPS, capitaine (7)
“On s’attendait à un match difficile contre le PARAGUAY. Finalement, il a été plus difficile que prévu. On a perdu pas mal de forces dans la bataille, on a fini dans le rouge. Heureusement que Laurent est venu nous sauver en fin de match. Cette rencontre devait nous servir de tremplin après les matches de poule, mais ce soir, on a moins bien maîtrisé que lors de nos trois premiers matches. L’essentiel est que nous soyons qualifiés pour les quarts de finale. Tout le monde nous voit déjà en finale contre le BRESIL, mais il ne faut pas oublier qu’il y a des matches à gagner pour y parvenir. Le but en or a été une délivrance pour nous aujourd’hui, mais c’est très dur pour le PARAGUAY. Le dernier match de Coupe du monde entre la FRANCE et l’ITALIE en 1986 s’était bien passé. Le même résultat (2-0) nous conviendrait tout à fait dans cinq jours. On connaît très bien les joueurs italiens, on peut dire qu’on aura une rencontre entre l’ITALIE et les joueurs qui évoluent en ITALIE”.
Fabien BARTHEZ (16 )
“Nous avons eu de très grosses émotions, nous avons buté sur une défense qui était un véritable mur : il y avait toujours le poteau, la jambe de l’un ou le pied de l’autre pour empêcher le ballon de rentrer. Il y avait aussi un manque de chance. Dès la première action nous avons compris que les Paraguayens chercheraient à jouer les prolongations et à nous emmener jusqu’à l’épreuve des tirs au but. L’équipe a eu très peur de prendre un but, mais au final on s’en sort très bien. Ce match ressemblait à un match de Coupe de France entre une équipe de troisième division qui ne pense qu’à défendre et une équipe de première division. Je suis soulagé de ne pas être allé jusqu’aux tirs au but, pas parce que cette épreuve me faisait peur mais parce qu’une erreur est toujours possible. Le but de Laurent BLANC et cette qualification sont un très beau cadeau d’anniversaire”.
Alain BOGHOSSIAN (14)
“Il était difficile d’entrer dans ce match, mais on voulait la victoire, on est allé jusqu’au bout et on l’a obtenue. C’est un groupe qui a gagné, même si on a eu des problèmes, même si on a eu des moments de doute, il faut retenir la victoire. Le PARAGUAY a prouvé qu’il était un adversaire sérieux. Il cherchait l’épreuve des penalties, c’est logique, ils avaient un très bon gardien. Le prochain match, contre l’ITALIE, devrait être plus ouvert au niveau de la défense, cela devrait être plus intéressant, du plus beau football, mais pas forcément plus simple. L’ITALIE est un gros morceau, un nouveau challenge”.
Bixente LIZARAZU (3)
“Ce fut un match extrêmement difficile où le PARAGUAY a montré qu’il méritait réellement sa place en huitième de finale. Les Paraguayens ont fait le match idéal. C’est une équipe très bien organisée, qui a su changer son organisation en cours de match. On a eu la sensation de très bien maîtriser la rencontre, mais après une série d’occasions manquées, on a eu une période de flottement. Au final, on a gagné ce match avec la hargne. Mais le principe du but en or est vraiment usant mentalement, on sait que la moindre demi seconde de manque de lucidité peut être fatale. Après une première phase de Coupe du monde un peu plus facile, avec des buts, on a remporté cette victoire à l’arraché. C’est important car désormais, tous les matches se joueront à l’arraché. Ce soir, on est qualifié, l’aventure continue. On a cinq jours pour préparer le quart de finale contre l’ITALIE qui sera un grand match de la Coupe du monde”.
Stéphane GUIVARC’H (9)
“C’était un match très difficile. Au fur et à mesure que les minutes s’écoulaient, on savait qu’il fallait marquer. On a peut-être manqué de percussion, et on aurait sans doute dû jouer plus haut. Durant cette rencontre, on n’a pas eu beaucoup de chance. A chaque fois qu’on tirait au but, il y avait un pied ou une jambe qui empêchaient le ballon de rentrer. La délivrance est finalement arrivée avec ce but de Laurent BLANC qui est monté. Personnellement, je suis content d’être rentré dans cette rencontre, mon genou a bien tenu”.
Vincent CANDELA (2)
“Ce fut très difficile, surtout lorsque, de la touche, on voit ses copains ne pas marquer, douter, piétiner. Nous avons eu du mal à entrer dans la partie. Et sur le plan émotionnel, c’est le plus stressant. Je craignais que l’on arrive à l’épreuve des tirs au but. Sur le banc, c’était très dur à supporter, même si l’on avait confiance en Fabien (BARTHEZ). C’est une situation que je n’avais jamais vécue, sauf avec l’équipe de France Espoirs, aux JO d’Atlanta en 1996, lorsque nous nous sommes fait éliminer par le Portugal, à l’issue, justement, de ce fameux but en or. C’est fort et crispant à la fois. Mais une fois que l’on se qualifie, on ne pense plus au match.”
Emmanuel PETIT (17)
“Nous avons tiré sur le poteau, eu de nombreuses occasions, mais nous avons aussi joué de malchance. Face à cette équipe du PARAGUAY, nous avons eu l’impression de jouer au tennis-ballon contre un mur. Entre les deux défenses, il y avait un espace de quarante mètres, c’était hallucinant ! Quand le ballon partait, il revenait presque instantanément, et c’était frustrant. Maintenant, place aux Italiens : si nous encaissons un but face à eux, c’est sûr, ils se comporteront ensuite comme les Paraguayens”.
David TREZEGUET (20)
“Nous savions que nous aurions la pression. Sur le but, je vois Robert (PIRES) nous adresser un bon centre ; j’étais bien placé, mais “Lolo” (Laurent BLANC) l’était plus encore. C’était le genre de match physique, tactique. Le principe du but en or est peut-être difficile à admettre ; moi, je ne suis pas d’accord avec ça, mais bon, il faut l’accepter. Si cela nous était arrivé, nous aurions été “mal”… Quand Laurent (BLANC) a marqué, j’étais tout de suite compris que c’était fini ! Mais le contraire aurait été véritablement dramatique. Face à nous, nous avons trouvé une équipe très bien placée sur le terrain. De notre côté, nous n’avons pas retrouvé les mêmes sensations que lors de nos trois premiers matches. Maintenant, l’Italie : c’est une formation beaucoup plus “football”, mais peut-être beaucoup plus tactique”.
Marcel DESAILLY (8)
“Les Paraguayens ont bien joué le coup. Ils ont réussi à élargir nos lignes. Du coup, il y avait beaucoup d’espace entre les joueurs. Et puis, nous savions que les Paraguayens avaient réussi à tenir derrière pendant tout le match contre l’ESPAGNE. Il fallait trouver la faille avant les tirs au but. Nous étions très stressés, mais c’est justement le type d’émotion qu’on recherche quand on joue une telle compétition”.
Laurent BLANC (5)
“Plus jamais je ne critiquerai le but en or. C’est une joie immense, je m’étais promis de marquer en Coupe du monde. Sur le coup, je n’ai même pas pensé à féliciter David TREZEGUET pour sa remise de la tête. Les Paraguayens, eux, avaient l’air sûrs d’eux pour les penalties, et ils attendaient. La persévérance a payé, mais j’ai eu peur. Nous nous sommes jetés corps et âme pour marquer, et nous avons été deux ou trois fois à la limite. Les Paraguayens se sont retrouvés à deux contre deux ou trois contre trois. Contre l’ITALIE, ce sera un autre match, mais je ne suis pas persuadé qu’il sera plus dur”.
Youri DJORKAEFF (6)
“Je ne savais pas quand nous marquerions, mais je ne doutais pas de la victoire. Il fallait continuer à attaquer, ne jamais lâcher. Si nous avions pensé un seul moment qu’on pouvait perdre, on serait mort ce soir. C’était le genre de match auquel nous nous attendions. C’était dur, il y avait toujours trois ou quatre joueurs adverses sur le porteur du ballon. En plus, c’est la rencontre où nous avions le plus la pression. En quarts de finale, l’ITALIE fera plus le jeu”.
Lilian THURAM (15)
“Cette victoire, c’est une belle chose, une joie immense. Bien sûr, nous avons eu des doutes, mais il y en a toujours dans la vie. L’important, c’est que l’équipe n’ait pas été bloquée”.
Robert PIRES (11)
“Le but en or, ça fait peur à tout le monde, mais nous méritions la victoire aujourd’hui. L’équipe de FRANCE a fait le forcing, elle s’est procuré des occasions. Dans le vestiaire, nous avons chanté une chanson à nous, qui nous fait du bien. J’espère qu’on la chantera jusqu’au bout”.
Patrick VIEIRA (4)
“Les Paraguayens étaient tous derrières, et misaient tout sur les tirs au but. Mais cela ne me faisait pas peur : nous avons de grands tireurs et un bon gardien”.
Frank LEBOEUF (18)
“J’avais confiance : les Paraguayens pliaient minute après minute. A la fin, ils étaient à la ramasse. Mais je préfère que cela se soit passé comme ça : nos joueurs étaient fatigués, et ils avaient de plus en plus de mal à contourner les dix Paraguayens qui jouaient dans la surface de réparation”.