FRANCE 98 – Italie 1934

Malgré son succès sportif, populaire et financier, cette deuxième Coupe du Monde s’est déroulée dans un contexte politique particulier et dans une ambiance fanatisée. En 1934, la propagande fasciste avait déjà pris conscience du retentissement de cette épreuve…

Alors qu’ils avaient refusé, quatre ans plus tôt, de participer à la première Coupe du Monde, les Italiens étaient devenus en 1934 les plus ardents défenseurs de cette compétition. Il est vrai que les intérêts sportifs et financiers se doublaient désormais d’une grande pression politique. Propagande oblige, l’organisation de la Coupe du Monde en Italie représentait une vitrine pour le régime de Mussolini, dont le Président de la fédération italienne de “Giocco Calcio”, le général Vaccaro, était un farouche partisan… Disputée du 27 mai au 10 juin 1934, cette Coupe du Monde prend une autre dimension. 32 nations s’engagent et, pour la première fois, il faut organiser une compétition préliminaire afin de dégager 16 finalistes. Malheureusement, les formations sud-américaines, à l’image de l’Argentine et du Brésil, en réponse aux nombreux forfaits européens de l’édition précédente, n’ont pas envoyé leurs meilleurs représentants. Les Uruguayens décident même de ne pas défendre leur titre…

Un combat acharné

Conséquence logique : les quarts de finale opposent des équipes exclusivement européennes. Et si la Tchécoslovaquie, l’Allemagne et l’Autriche s’imposent avec peine face à la Suisse, la Suède et la Hongrie, c’est à Florence que le combat atteint son paroxysme. Sous une chaleur torride qui ne fait qu’ajouter à l’ambiance surchauffée du Stadio Berta, l’Italie et l’Espagne se livrent un duel acharné dont la ferveur n’a rien à envier aux affrontements entre sud-américains ! L’Espagne et sa défense de fer résistent aux assauts de la Squadra Azzurra et, les deux équipes n’étant pas parvenues à se départager (2-2 ) à l’issue de la prolongation, il est convenu de rejouer le match… le lendemain. Les entraîneurs tentent de faire appel à des joueurs frais (5 pour l’Italie, 7 pour l’Espagne) pour redynamiser leurs troupes, mais les acteurs s’écroulent physiquement les uns après les autres… Heureusement pour les locaux, l’avant-centre de la Squadra, Guiseppe Meazza inscrit l’unique but de cette partie. Le scénario se reproduit dès le surlendemain à Milan, en demi-finale face à l’Autriche. A San Siro, sur une pelouse transformée en marécage par un terrible orage, pour son quatrième match en une semaine, c’est l’inévitable Meazza qui délivre ses coéquipiers et leur ouvre les portes de la finale. Son adversaire sera la Tchécoslovaquie, victorieuse de l’Allemagne.

Forza Italia 

Le dimanche 10 juin, toute l’Italie retient son souffle. Dans sa loge drapée de pourpre, tel un empereur romain, le Duce est là pour que le triomphe espéré de la Squadra se transforme en plébiscite, pour que la gloire rejaillisse sur le régime faschite. Durant deux heures, la foule ne cessera de scander : “I-ta-lia… Du-ce… I-ta-lia… Du-ce…!” Mais, à vingt minutes de la fin, la consternation s’abat sur le Stadio del Partito : sur un corner, Puc, l’ailier gauche , donne l’ avantage à la Tchécoslovaquie… Il ne reste qu’une poignée de minutes à jouer lorsque l’Italo-Argentin Orsi égalise. La prolongation qui suit commence mal pour l’Italie, puisque son buteur Meazza se blesse dans un choc. Il trouvera néanmoins les ressources suffisantes pour permettre à son coéquipier Schiavio de marquer le but décisif. Mussolini peut alors saluer la foule, le bras droit levé, laissant ainsi une impression de malaise planer sur cette Coupe du Monde, même si la Squadra Azzurra, par ses qualités techniques et physiques indéniables, n’avait pas volé son succès.

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